Egypte: les magistrats entrent en résistance contre le président Morsi

Au Caire, la résistance s’organise contre la volonté du président Mohamed Morsi de s’accorder des pouvoirs bien plus forts. Encerclée par des partisans du chef de l’Etat, la Haute cour constitutionnelle suspend ses travaux. Dans 12 jours va avoir lieu un référendum sur ce texte tant controversé. Le pouvoir judiciaire, c’est-à-dire les magistrats, et l’opposition politique ne vont pas se laisser faire.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

L’opposition politique, le Front du salut national, qui regroupe toutes les tendances, a appelé à une grande manifestation mardi 4 décembre place Tahrir mais aussi à une marche vers le palais présidentiel où un sit-in est prévu.

Il y a aussi une désobéissance civile graduelle qui est à l’ordre du jour. Mais le Front n’a pas tranché entre le boycott ou le vote par « non » au référendum. Les magistrats, eux, ont par contre tranché, puisque le Haut club des magistrats a recommandé à ses membres de boycotter la supervision du référendum. Or, la Constitution intérimaire égyptienne stipule que la supervision totale du vote par les magistrats est indispensable pour valider le scrutin.

Cette stratégie très offensive des magistrats égyptiens est un risque que ces derniers sont déterminés à prendre. Pour eux, il s’agit en fait d’une question de vie ou de mort. Ils estiment que l’indépendance de la justice est dans la balance. Donc pour eux, superviser les élections serait accorder de la crédibilité à une Constitution bâclée et islamisante.

Puis ils contestent le trop court délai laissé aux électeurs –moins de deux semaines– pour comprendre les tenants et les aboutissants du projet de Constitution. En fait, pour les magistrats qui se sont déjà rebellés contre les présidents Gamal Abdel Nasser, Anouar al-Sadate et Hosni Moubarak, la fronde contre le président Morsi ne fera que conforter leur réputation d’intégrité même si le prix à payer est une impopularité temporaire.


L’Egypte post-Moubarak est en crise, et parmi les reproches adressés à l’actuel président il y a l’absence de changements depuis son arrivée au pouvoir. Les violences policières, par exemple, se poursuivent au quotidien.

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