L’assemblée générale extraordinaire des journalistes s’est tenue ce dimanche 25 novembre, malgré les tentatives des Frères musulmans de la faire dérailler. Après en être venus aux mains avec les islamistes, les journalistes libéraux et de gauche sont parvenus à contrôler la salle et à en chasser Mohamad el-Wally, président du syndicat et surtout membre de la confrérie.
Les quelque 3 500 journalistes présents ont voté à une majorité écrasante ce qu’ils ont baptisé « Le Manifeste pour la liberté ». Gamal Fahmy, secrétaire du syndicat, affirme que la principale résolution est d’abord « le refus du décret de déclaration de la dictature fait par Mohamed Morsi il y a quelques jours ».
Ensuite, a-t-il déclaré à RFI, les journalistes ont « pris la décision de [se] retirer du simulacre d’Assemblée constituante qui a fabriqué un projet de Constitution aussi affreux que ceux qui l’ont écrit. Un projet qui a agressé les libertés et les droits, avec en tête la liberté de la presse et le droit des Egyptiens de disposer de médias indépendants et divers. »
Un manifeste que le président du syndicat, membre des Frères musulmans, a contesté devant le micro isolé de la chaîne qatarienne al-Jazeera.
Morsi veut calmer le jeu
Mohamed Morsi tente de calmer le jeu après la vague de protestation qui s'est levée contre lui depuis jeudi dernier. Dans un communiqué publié dimanche soir, il se prêt au dialogue avec « toutes les forces politiques ». Les pouvoirs élargis sont des mesures temporaires, assure-t-il. Leur objectif, c'est d'éviter le dysfonctionnement du Parlement et de l'Assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle Constitution pour l'Egypte.
Il n'est pas sûr que ces propos suffisent à calmer la colère de l'opposition et du corps judiciaire. Tous les deux ont appelé à manifester mardi, sur la place Tahrir, au centre du Caire. Les partisans de Mohamed Morsi vont également descendre dans les rues, ce qui fait redouter de nouvelles violences.
Affrontements dans le Delta : un mort, des blessés graves
Ce dimanche, par ailleurs, un jeune islamiste a été tué et une soixantaine de personnes blessées, certaines dans un état grave, dans la ville de Damanhour, dans le Delta. Selon les témoins, la confrontation a commencé devant le siège du parti Liberté et justice. Des membres du parti des Frères musulmans ont agressé et blessé des jeunes manifestants opposés au président Morsi.
Les parents des blessés venus du village voisin de Choubra ont décidé de venger leurs enfants. Armés de gourdins, de machettes et d’armes à feu artisanales, ils ont attaqué le siège du parti Liberté et justice. Une bataille rangée qui a duré deux bonnes heures s’en est suivie. La police n’est intervenue que quand les combats ont pris fin.
Toujours dans le Delta, de violentes confrontations ont eu lieu dans la ville de Tanta entre les Frères musulmans et leurs adversaires. Le nouveau « Front de salut national », qui regroupe les partis et formations opposées aux Frères musulmans, a condamné tous les actes de violence et d’agression contre les sièges des partis politiques.