Benyamin Netanyahu avait une relation privilégiée avec Nicolas Sarkozy. Il ne connaît pas personnellement François Hollande mais selon les experts, les relations entre la France et Israël ne devraient pas beaucoup changer. « La relation bilatérale est bonne, selon Samuel Ghiles-Meilhac, sociologue et enseignant à Sciences Po. Ces dernières semaines, toute une série d’officiels sont venus à Paris et ont eu des entretiens de haut niveau, le président de la Knesset, plusieurs ministres du gouvernement de Benyamin Netanyahu dont Dan Meridor (vice-Premier ministre, NDLR) ».
Mais, nuance Samuel Ghiles-Meilhac, si les relations entre la France et Israël sont bonnes, « elles ne sont pas stratégiques parce qu’on peut penser que même dans l’Hexagone, Benyamin Netanyahu aura les yeux et l’esprit rivés ou sur l’Iran ou sur l’élection américaine ». Les Etats-Unis restent en effet le partenaire privilégié d'Israël. La France a-t-elle donc toujours un rôle à jouer au Proche-Orient ?
C'est ce que pense en tous cas Nissim Zvili, ancien ambassadeur d’Israël en France. « Je crois que cette visite est importante parce que c’est une des visites que Benyamin Netanyahu se permet de faire au milieu d’une campagne électorale qui va être très dure (des élections législatives anticipées auront lieu en janvier prochain). Ça veut dire qu’il reconnaît le rôle de la France et de l’Europe dans ce qui se passe dans la communauté internationale et surtout au Moyen-Orient. »
Le dossier du nucléaire iranien
A Paris, Benyamin Netanyahu et François Hollande devraient aborder le dossier du nucléaire iranien, principal sujet de préoccupation des Israéliens. L’Etat hébreu se sent menacé et le Premier ministre a multiplié ces derniers mois les propos belliqueux à l’égard de l’Iran soupçonné par les Occidentaux de fabriquer une bombe atomique sous couvert de nucléaire civil. Pour Benyamin Netanyahu, il faut frapper l’Iran avant que le pays ne puisse atteindre Israël, ou tout du moins fixer une ligne rouge au-delà de laquelle il devient urgent d’agir.
Mais la France, comme les Etats-Unis d’ailleurs, privilégient l’option diplomatique et continuent d’appuyer les sanctions internationales contre l’Iran pour affaiblir le pays et le contraindre à stopper son programme nucléaire. Cette attitude déçoit dans l’entourage de Benyamin Netanyahu. Michel Ben Ami, président du Likoud à Jérusalem et proche du Premier ministre, estime que la France et l’Europe ne s'impliquent pas assez.
« On voit que l’Europe s’investit moins dans les conflits de la région. On est un peu déçu par rapport à ce qui se passe en Syrie, on a peur qu’il se passe la même chose pour nous avec l’Iran qui s’est déjà déclaré en guerre avec nous et qui construit une bombe atomique pour nous la jeter (dessus). On se demande s’il va y avoir une différence entre les discours et les faits, parce que pour l’instant, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, on n’arrive pas à tirer une ligne rouge et dire : à partir de là on agit. »
La question palestinienne
Autre dossier incontournable, qui devrait être abordé par François Hollande et Benyamin Netanyahu mercredi : la question palestinienne. Les Palestiniens réclament un Etat mais les négociations sont au point mort avec Israël. Du coup, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a décidé de faire reconnaître la Palestine à l'ONU. Une initiative dénoncée par Benyamin Netanyahu, mais qui pourrait être soutenue par la France qui avait déjà voté l'adhésion de la Palestine à l'Unesco.
Samuel Ghiles-Meilhac, de Sciences Po, rappelle que c’était « une des 60 propositions du candidat Hollande, une de ses rares propositions d’ailleurs sur les questions internationales : la France soutiendra l’adhésion de la Palestine à l’ONU (…) Mais le fait qu’il puisse y avoir une position française de soutien de principe aux Palestiniens et à leur vœu de créer un Etat, les Israéliens s’y attendent et ne seront pas particulièrement déçus ».
Les relations franco-israéliennes restent bonnes malgré des désaccords. Mais il faut dire que le conflit israélo-palestinien est passé un peu au second plan des préoccupations internationales. Selon Samuel Ghiles-Meilhac, pour la France et dans la conjoncture actuelle, « le dossier palestinien n’est pas vu comme porteur et stratégique comparé au Mali ou à la Syrie ».