Caricatures, film anti-islam: manifestations dans le monde musulman, des morts au Pakistan

Ce vendredi 21 septembre, jour de la grande prière chez les musulmans, des manifestations ont été organisées un peu partout dans le monde pour protester contre le film islamophobe L'Innocence des musulmans produit aux Etats-Unis, mais aussi contre les caricatures du prophète parues dans le journal satirique français Charlie Hebdo. Si dans l'ensemble, les rassemblements sont restés limités et pacifiques, au Pakistan, des affrontements avec les forces de l'ordre ont fait au moins 17 morts.

Au Pakistan (avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry) : ce vendredi, les autorités avaient déclaré un jour férié et invité la foule à protester pacifiquement. Malgré cela, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue et les affrontements avec les forces l’ordre ont fait au moins 17 morts et plus de 200 blessés.

A Karachi, douze personnes, dont un policier, ont perdu la vie. A Peshawar, près de la frontière afghane, quatre manifestants et le chauffeur d'une chaîne de télévision pakistanaise ont été tués. Des cinémas ont été brulés par les manifestants qui sont descendus dans la rue pour protester contre l’Innocence des musulmans, le film amateur américain qui entend ridiculiser la figure du prophète. Des banques et des commerces ont également été mis à sac dans plusieurs villes.

A Islamabad, la capitale, des manifestants se sont, entre autres, massés devant l’enclave diplomatique, la zone qui abrite les ambassades étrangères dont celle des Etats-Unis. Les protestataires, dont certains portaient des bannières de groupes jihadistes interdits dans le pays, hurlaient « morts à l’Amérique » devant des cordons de policiers. Des paramilitaires et l’armée ont également été mobilisés ce vendredi pour contenir la violence.

En Tunisie (avec notre envoyé spécial à Tunis, Nicolas Champeaux): l’ambassade et l’école américaine avaient été attaquées la semaine dernière, cette fois le ministère de l’Intérieur a pris les devants. Il a interdit toute manifestation vendredi et a renforcé la sécurité dans la capitale.

A la mi-journée, la tension était à son comble aux abords de la mosquée el-Fath. Un important cortège se dirigeait en courant vers l’ambassade américaine. Un important dispositif de sécurité a été déployé pour bloquer l’accès à l’avenue qui mène à l’ambassade de France. Il y a des blindés et la police anti-émeute. Les commerçants ont tiré leur rideau de fer. Un tank équipé d’une mitrailleuse est stationné devant la station de métro République. Un hélicoptère survole la ville. Les musulmans, à la sortie de la mosquée, ont scandé des slogans hostiles aux médias même si l’imam a appelé les musulmans à respecter la loi, à demeurer calmes et à considérer avant toute chose l’intérêt du pays.

La circulation est interdite dans les rues de la ville. La police anti-émeutes fouillait les coffres des voitures. Un important dispositif de sécurité donc dans le cœur de Tunis alors qu’on n’est pas au bout de cette journée sous tension.

En Egypte : une cinquantaine de personnes ont manifesté devant l'ambassade de France au Caire. « Allah akbar ! » (Dieu est grand), ont scandé les manifestants, dont certains brandissaient un drapeau noir jihadiste et une banderole avec des portraits du fondateur d'al-Qaïda Oussama ben Laden et du chef du réseau Ayman al-Zawahiri. « Ne touchez pas à Mahomet », disait une pancarte. La mission diplomatique française, fermée le vendredi en Egypte, est placée depuis mercredi sous forte protection policière.

Aux Comores : le correspondant de RFI a signalé des centaines de personnes qui ont marché dans les rues de Moroni après la prière, ce vendredi. La manifestation a voulu rallier l'ambassade de France mais elle s'est heurtée à un dispositif policier important. Dans toutes les mosquées, le prêche évoquait le film islamophobe et les caricatures parues dans Charlie hebdo.

Au Liban : un jour de colère a été décrété, des rassemblements se sont déroulés à Balbek, Saida et Tripoli. Certains religieux ont appelé à une fatwa demandant la condamnation à mort des personnes ayant participé au film polémique sur l'islam.

En Libye : les autorités ont organisé hier, jeudi, une cérémonie d'éloge funèbre. Elles ont voulu rendre hommage à l'ambassadeur américain tué la semaine dernière dans l'attaque du consulat des Etats-Unis à Benghazi. A Benghazi justement, deux manifestations rivales sont prévues en fin d'après-midi, l'une pour dénoncer le film anti-islam, l'autre pour protester contre l'extrémisme religieux et la violence. Le groupe salafiste Ansar al-Charia a appelé à descendre dans la rue. Mais parallèlement, les habitants de Benghazi opposés à l'extrémisme et aux milices armées envisageaient de manifester eux aussi ce vendredi pour dire « non » à la violence.

Au Yémen : plusieurs centaines de personnes ont défilé à Sanaa au Yémen devant l'ambassade des Etats-Unis aux cris de « Mort à l’Amérique ».

En Iran : une centaine de personnes se sont réunies devant l'ambassade de France à Téhéran, criant « Mort à la France, à l'Amérique et à Israël ! ».

En Indonésie : dans le plus grand pays musulman au monde, plusieurs manifestations ont eu lieu devant des représentations diplomatiques américaines et françaises. Mais elles n'ont rassemblé que quelques centaines de manifestants au total à travers le pays. Et à part quelques drapeaux américains incendiés, aucune violence n'a été signalée.

Au Bangladesh : ils étaient 10 000 à défiler à Dacca mais à part une effifie du président Obama et un drapeau français brulés et quelques slogans haineux, ces manifestations se sont déroulées dans le calme.

En Afghanistan : à Kaboul, quelques petites manifestations anti-américaines et anti-françaises pacifiques ont été dénombrées.

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