Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Affaibli par la contagion de la crise syrienne, humilié par les milices sunnites et chiites qui lui disputent son autorité, l’Etat tente de reprendre la situation en main. Le président de la République Michel Sleimane a demandé à la justice et aux services de sécurité d’identifier et d’arrêter les ravisseurs des ressortissants syriens et turcs qui ont défié le gouvernement en revendiquant sur les écrans de télévision des dizaines d’enlèvements la semaine dernière.
Le président du Parlement Nabih Berri, principal dirigeant chiite, a, quant à lui retiré toute « couverture » aux manifestants chiites qui bloquent chaque semaine la route du seul aéroport civil du pays pour réclamer la libération de leurs proches enlevés en Syrie. « L’armée, a-t-il dit, a carte blanche pour empêcher la fermeture de cette voie qui est la porte du Liban sur le monde ».
Le Premier ministre Najib Mikati a de son côté ordonné à l’armée de s’interposer, de force s’il le faut, entre les combattants sunnites et alaouites qui ont mis sa ville Tripoli à feu et à sang. Il a reçu le soutien du mufti sunnite de la région qui a appelé l’Etat à confisquer les armes illégales.
Dernière mesure, le rappel à l’ordre des médias audiovisuels jugés irresponsables et coupables d’avoir exacerbés les tensions communautaires. Des sanctions allant jusqu’à la fermeture des télévisions contrevenantes sont prévues par le Conseil national de l’audiovisuel. Un sursaut salutaire qui redonne espoir aux Libanais qui craignent cependant qu’il ne soit déjà trop tard.