Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Le régime syrien repose sur un trépied composé de l’appareil de l’appareil militaire et sécuritaire, du parti Baas et de la communauté alaouite.
La défection du Premier ministre montre le degré d’effritement du parti qui comptait, avant le début de la contestation en mars 2011, deux millions et demi de membres. Baassiste pur et dur, Riad Hijab assurait au régime une double légitimité : celle du parti qu’il était censé représenter au sein de l’exécutif et celle de la communauté sunnite dont il est issu. Avec son départ, le régime perd une précieuse couverture civile sunnite.
Cette défection devait se traduire logiquement par une marginalisation du Baas au sein même du régime et par un accroissement du rôle des militaires et des services de sécurité. Mais ce pilier du pouvoir est lui aussi victime d’une hémorragie : quelque 200 officiers supérieurs et des milliers de soldats ont déjà fait défection. Leur nombre reste modeste pour une armée de 300 000 hommes. Toutefois la plaie existe et elle pourrait s’élargir.
Reste le troisième pilier : la communauté alaouite. Par loyauté et par peur de l’avenir, les alaouites demeurent soudés autour de Bachar el-Assad. Cependant, s’ils estiment qu’il est incapable de sauvegarder leur position au sein du régime et de les protéger contre la vague sunnite, leur attitude pourrait changer.