Syrie: les combats font rage à Alep, les rebelles prennent un poste clé

Les rebelles syriens ont marqué un point lundi en prenant un poste de contrôle clé leur permettant d'acheminer renforts et munitions à Alep, deuxième ville du pays, où la bataille est devenue un enjeu majeur du conflit. La nuit dernière, l'Armée syrienne libre a attaqué le siège du tribunal militaire d'Alep et ce mardi, au moins 40 policiers ont été tués dans des combats et lors de la prise de deux commissariats.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

L’armée loyaliste poursuit sa contre-offensive, mais elle doit se battre à chaque coin de rue et dans chaque maison à Alep. Les journalistes présents de deux côtés du front font état de combats féroces entre des rebelles déterminés et des soldats motivés.

L’armée syrienne a annoncé avoir repris le contrôle d’une partie du quartier de Salah Eddine et du rond-point stratégique de Jendoli. Information démentie par les rebelles qui affirment avoir repoussé l’assaut des troupes régulières.

Des source neutres confirment une progression de l’armée loyaliste, mais assurent que les insurgés sont encore présents dans plusieurs coins de ce quartier, ce qui signifie que les succès revendiqués par les troupes gouvernementales restent modestes.

La tactique de l’armée syrienne est d’encercler les rebelles, de couper leurs voies de ravitaillement, puis de les déloger progressivement des quartiers qu’ils tiennent, même si cela doit prendre des semaines.

Les combattants de l’opposition, qui commençaient à manquer de munitions, semblent avoir réussi à éviter l’encerclement total, en prenant un poste de contrôle clé, leur permettant d’acheminer renforts et munitions à Alep. Le poste d’Anadan leur permet désormais de relier la métropole du Nord à la frontière turque, située à environ 45 kilomètres.

Autre front actif, celui de la ville de Homs, où les troupes régulières affirment avoir pris le contrôle de Qarabis. L’intensité des combats a pu être observée par le chef des observateurs de l’ONU, Babacar Gaye, qui s’est rendu à Homs lundi. Son convoi a même essuyé des tirs provenant d’un char de l’armée, selon le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.


La rébellion prend le poste clé d'Anadan

Avec notre envoyé spécial dans la banlieue nord d'Alep, Jérôme Bastion

La rébellion a pris le contrôle lundi d’un important barrage qui coupait l’accès par le nord à la ville d’Alep, où la rébellion de l’Armée syrienne libre se bat depuis dix jours maintenant avec les forces gouvernementales. Sur place, le commandant qui a mené cette attaque promet que la capitale économique sera bientôt, à son tour, libérée.

À Anadan, au bord de la nationale qui part vers le nord, sous le hangar qui servait de garage pour les camions de transport de munitions, des dizaines de caisses d’obus, vides bien sûr, et des douilles traînent un peu partout. Le sol est jonché de débris, de vestes de treillis et de pataugas militaires et, çà et là, de flaques de sang. Les traces de dix heures de combat.

On s’affaire à sortir les deux camions qui n’ont pas brûlé et qui, réparés, seront bien utiles à l’Armée syrienne libre qui manque cruellement de ce genre de matériel. Une ambulance, deux autres camions et surtout sept blindés sont eux hors d’usage. Avec 70 hommes armés de kalachnikovs et de quelques lance-roquettes, le commandant Ahmed Afesh a réussi là un joli coup qui donne à la rébellion un accès direct à Alep, jusque là sous blocus, et qui galvanise les combattants de l’Armée syrienne libre.

« C’est Alep notre objectif désormais, avec l’aide de Dieu. L’ensemble de nos troupes se concentre sur cet objectif. Grâce aux dix tanks capturés jusqu’à maintenant, nous sommes plus forts, et nous allons retourner contre Bachar el-Assad ses propres armes ».

Dans le centre de la capitale économique, l’issue de la « mère des batailles » - comme l’a qualifiée la presse du pouvoir - est toujours incertaine, mais une chose est sûre : chaque jour qui passe voit la rébellion renforcer ses positions à la périphérie de la ville, dont elle contrôle les accès nord, est et ouest désormais. Ce qui lui permet d’envoyer des renforts ou de préparer un nouvel assaut généralisé.

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