Chars, hélicoptères, avions de chasse et artillerie : l'armée du président syrien Bachar el-Assad a déployé de gros moyens pour reprendre le contrôle d'Alep.
Les forces en présence
Riad Kahwji, expert militaire basé à Dubai, fait le point sur les forces et les faiblesses des deux camps dans cette bataille pour le contrôle d'Alep : «Les forces gouvernementales ont l’avantage majeur de disposer d’une puissance de feu supérieure. Elles ont l’aviation et l’artillerie qu’elles utilisent pour pilonner la ville. Cependant elles opèrent dans un environnement très hostile : elles essaient de l’emparer d’une ville qui est actuellement largement contrôlée par de nombreux insurgés dont beaucoup sont en fait eux-mêmes des habitants d’Alep. Donc, ça va être une rude bataille. Il y a l’Armée syrienne libre qui a un moral élevé, qui opère dans un environnement amical et qui semble bien positionnée pour défendre la ville. Elle n’a pas la puissance de feu des forces gouvernementales mais elle dispose des armes nécessaires pour les conditions d’une guerre de rue. Cela va être un combat très difficile pour les forces gouvernementales qui vont subir de lourdes pertes mais les dégâts les plus importants vont être subis par la ville et par ses habitants. Il faut s’attendre à de nombreuses destructions et pertes civiles ainsi qu’à des massacres de civils qui seront pris entre deux feux au coeur de la ville.»
Le quartier de Salaheddine particulièrement visé
Depuis samedi matin, l'armée gouvernementale n'a cessé de bombarder le quartier de Salaheddine, un quartier occupé par les rebelles dans le sud-ouest de la ville. Des chars ont même tenté d'y pénétrer, et dans les quartiers de Sikari, Salah et Sakhur, mais sans succès comme l'explique ce militant de l'opposition joint sur Skype :
Un assaut repoussé
L'Armée syrienne libre (ASL) a pu donc repousser l'assaut, mais pour combien de temps ? Selon l'opposition, les forces gouvernementales attendent des renforts, pour l'instant bloqués dans la ville d'Idlib, à une soixantaine de kilomètres d'Alep.
Joint par RFI, Abdul Omar, opposant syrien basé à Londres, a estimé que les mouvements de chars étaient moins importants samedi après-midi que le matin même. « Ce n'est pas aussi tendu que ce matin, dit-il. Les chars sont déployés aux abords de différents quartiers. Et ces dernières heures, nous n'avons pas eu d'informations sur des pilonnages, mais les hélicoptères, eux, continuent de survoler plusieurs quartiers d'Alep ».
Abdul Omar fait également part de ses inquiétudes concernant la situation humanitaire : « L'Armée syrienne libre s'est servie des haut-parleurs sur les minarets des mosquées pour lancer un appel aux médecins. Ils ont besoin d'équipes médicales. On ne connaît pas le nombre de victimes parmi les rebelles, mais on sait qu'un certain nombre d'entre eux sont blessés », déplore-t-il.
A Alep, les habitants sont par ailleurs de plus en plus terrorisés par les combats. Ceux qui le peuvent quittent la ville : ce samedi, ils étaient encore plusieurs milliers à fuir les attaques. Les autres cherchent des quartiers plus sûrs, ils se réfugient dans des parcs publics, des écoles ou des sous-sols de maisons.
Un militant de l'opposition sur place contacté par RFI sur Skype affirme qu'il est de plus en plus difficile de trouver de l'eau et de la nourriture. Les étals des magasins sont vides, preuve, affirme-t-il que la ville est à présent en guerre.