Au nord d'Alep, une région dévastée sous le contrôle très relatif des insurgés

Alors que de violents combats sont toujours en cours à Alep, il reste extrêmement difficile pour les journalistes de rendre compte de la situation dans les zones de combat. Certains l’ont même payé de leur vie. Le régime de Damas donne quelques autorisations mais de façon très encadrée. En revanche, la progression des insurgés, notamment à la frontière turque, a permis à plusieurs journalistes étrangers d’entrer sur le territoire syrien. L'envoyé spécial de RFI a parcouru quelques kilomètres depuis un poste à la frontière turque conquis par les rebelles, jusqu'au village d'Azaz.

Avec notre envoyé spécial dans le nord de la Syrie, Jérôme Bastion

La première chose qui frappe dans cette région du nord de la Syrie, autour de la ville d’Azaz, près du poste-frontière de Bab al-Salama libéré la semaine dernière, c’est l’état de destruction de ce pays, de cette zone qui est presque entièrement à reconstruire.

Il n’y a plus d’électricité. Il n’y a plus de services publics, il n’y a pas d’infrastructures. Les bâtiments sont tous ravagés. Azaz et sa région sont désertées par leurs habitants, dont très peu sont revenus.

La pacification de la région reste précaire, fragile. A quelques kilomètres aux alentours d’Azaz, on n’ose pas s’aventurer sur les routes, de peur de voir arriver les hélicoptères d’assaut qui mitraillent et bombardent ça et là. Les gens ont peur que la guerre ne tourne à l’avantage du régime et que la répression ne revienne.

Optimisme des combattants, scepticisme des insurgés

Les militaires, d'un côté, sont assurément dans une dynamique de victoire et de conquête après la prise de ces postes-frontières et le lancement des batailles de Damas et d’Alep. Pour l’instant, fort de l’ouverture de ce front au Nord, l’Armée syrienne libre (ASL) est sûre de sa victoire. Notamment à Alep, dont les rebelles veulent faire un symbole de leur conquête.

Les populations, elles, sont beaucoup plus circonspectes. Elles sont satisfaites d’avoir été libérées du joug du régime baasiste et ne veulent pas imaginer qu’il puisse rester en place ou revenir. Mais sur l’issue du conflit, beaucoup d’incertitudes se ressent au contact des Syriens.

Par ailleurs, la Turquie est très préoccupée par la présence et les activités des Kurdes, qui ont eux aussi pris le contrôle de postes-frontières, un peu plus à l’Est. Ils ont dressé partout le drapeau du Kurdistan, sans bruit, sans combat.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, rappelait ce mercredi que « c’était le droit le plus strict d’Ankara que d’intervenir pour mettre fin à la présence du PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan] », la rébellion kurde de Turquie en Syrie du Nord-Est. Tout indique que les Kurdes syriens se dirigent vers une forme d’autonomie « à l’irakienne » sans que Damas, avec ou sans Bachar el-Assad, n’y puisse grand-chose.

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