Syrie : nouveau massacre, le Conseil de sécurité de l’ONU au point mort

Au moins 150 personnes ont été tuées jeudi par le régime de Bachar el-Assad à Treimsa, au centre du pays, dans ce qui pourrait être le pire massacre depuis le début de la révolution. A l'ONU, le renouvellement de la mission d’observation en Syrie fait l’objet de tractations difficiles entre les Occidentaux et la Russie, qui refuse de mentionner d’éventuelles sanctions. Faute d’accord avant le 20 juillet, la mission des 300 observateurs pourrait être définitivement supprimée.

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour

Kofi Annan voulait que le renouvellement de la mission de l’ONU en Syrie soit l’occasion d’un message fort et uni du Conseil de sécurité. Pour l’instant, c’est loin d’être le cas. En sortant de la séance de négociations, les ambassadeurs ne pouvaient en effet que constater l’ampleur de leurs différences

La Russie refuse toute mention du fameux chapitre VII de la charte de l’ONU, qui autorise le Conseil de sécurité à imposer ses décisions, au besoin par la force. Moscou estime que les sanctions doivent s’appliquer également aux insurgés syriens. Or il est quasiment impossible de sanctionner une opposition éclatée en une multitude de petits groupes combattants.

L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Susan Rice, a clairement fait savoir que les Etats-Unis préféraient ne pas trouver d’accord du tout plutôt que d’aboutir à un mauvais accord sans menace de sanctions

Si un compromis n’est pas trouvé d’ici le 20 juillet, les 300 observateurs de l’ONU seront retirés de Syrie. Cela mettrait par la même occasion un terme à la médiation de Kofi Annan qui n’est pour l’instant parvenu à aucun résultat.

Massacre de Treimsa

Pourtant, sur le terrain, la situation continue d’empirer. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 150 à 200 personnes ont été massacrées jeudi par les troupes gouvernementales qui ont bombardé et attaqué au char la ville de Treimsa, au centre du pays.

« Considérant la petite taille de la ville, c'est peut-être le plus grand massacre commis depuis le début de la révolution », s’est alarmé le président de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. Les Frères musulmans ont eux comparé la tuerie aux « grands massacres du siècle », citant en exemple ceux de Sabra et Chatila au Liban 1982 ou de Srebrenica en Bosnie-Herzégovine en 1995.

La confrérie islamiste a accusé Bachar el-Assad, mais aussi « Kofi Annan, les Russes et les Iraniens et tous les pays du monde qui prétendent être responsables de la protection de la paix » d’être responsables du massacre.

De son côté, le Conseil national syrien, principal regroupement de l’opposition, a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à faire en sorte d’« arrêter cette folie meurtrière qui menace l'entité de la Syrie  » en adoptant une résolution sous le chapitre VII de la charte de l’ONU qui comprend des mesures coercitives, dont une option de recours à la force en cas de menaces sur la paix.

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