Vladimir Poutine au Proche-Orient pour renforcer les intérêts russes

Le président russe doit visiter Israël, les Territoires palestiniens et la Jordanie. Ce premier voyage dans la région depuis son retour au Kremlin, le 7 mai, devrait être dominé par deux grands thèmes d’actualité : le conflit syrien et le programme nucléaire de l’Iran. Vladimir Poutine s'entretiendra avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu et le président Shimon Peres, puis mardi avec le président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie et enfin avec le roi Abdallah II en Jordanie.

Ce lundi 25 juin 2012, le président russe va inaugurer à Netanya, en Israël, au nord de Tel-Aviv, un monument érigé à la mémoire des soldats de l'Armée rouge qui ont contribué à la victoire sur les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Il aura ensuite un déjeuner de travail avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et plusieurs membres de son gouvernement. Le chef de l’Etat russe sera ensuite reçu dans la résidence de son homologue Shimon Peres pour un dîner officiel.

En plus de la coopération bilatérale, cette visite en Israël, sa deuxième (la précédente remonte à 2005 ), sera surtout l’occasion d’évoquer deux sujets sensibles : la Syrie et le programme nucléaire iranien. Si Israël a sur ces deux questions une approche sensiblement similaire à celle des Occidentaux, la Russie joue depuis longtemps sa propre partition avec la Chine, et se retrouve isolée sur reste de la communauté internationale.

« Blanchir l'image de la Russie »

Dans ce contexte, cette visite en Israël est importante pour l’image de la Russie, selon le chercheur Alexandre Choumiline : « Si l'on force quelque peu le trait », explique le spécialiste du Moyen-Orient, « on a l'image d'une Russie pro-Assad et pro-iranienne, et c'est cette image, ce déséquilibre, que Poutine est déterminé à effacer en visitant Israël. Il montre qu'Israël est aussi important pour la Russie. Cela lui confère la position d'un médiateur modéré et équilibré. Il veut signifier qu'il ne suit pas de façon rigide la ligne pro-Assad ou pro-iranienne. En réalité, cette visite en Israël lui permet de blanchir l'image de la Russie, en la présentant comme un élément plus équilibré et un acteur important au Proche-Orient », affirme Alexandre Choumiline.

Israël et la Russie entretiennent des relations étroites, notamment du fait de la présence en Israël d’une importante communauté russophone, mais il y a peu de chances que leurs positions sur la Syrie se rapprochent. Dans un entretien à l’agence de presse russe Interfax, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a affirmé que les livraisons d’armes russes à la Syrie ne pouvaient pas ne pas inquiéter son pays.

Pour autant, les points de vue des deux pays sur ce conflit ne seraient pas si éloignés que ça. C’est l’avis de Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale. Selon lui, « si Israël soutient actuellement la position occidentale, le départ d'Assad ne l’arrange pas du tout ».

Pour Fiodor Loukianov, « ce qu'il adviendra de la Syrie après Assad sera pire pour Israël. Assad c'est un ennemi prévisible, avec lequel on peut s'entendre à propos d'une coexistence, ce qui a d'ailleurs prévalu durant de longues années. Si le nouveau pouvoir en Syrie était démocratique, il serait automatiquement anti-israélien. C'est pourquoi, dans le dossier syrien, justement, les positions ne sont pas si éloignées. La Russie et Israël comprennent le danger de ce qui pourrait advenir après », analyse l’expert.

Le dossier iranien également à l’ordre du jour

Après la nouvelle session de pourparlers sur le nucléaire iranien à Moscou (les 18 et 19 juin), qui n'a débouché sur rien de concret, si ce n’est la promesse de nouvelles sessions de négociations, les autorités israéliennes attendent que Vladimir Poutine leur donne des informations de première main.

Mais là encore, ce dossier ne devrait pas gâcher les relations entre les deux pays, selon le spécialiste de l’Iran, Vladimir Sazhin, de l’Académie des sciences à Moscou. « Si l'on prend le groupe des six médiateurs internationaux, ils sont tous d'accord sur la stratégie. Non seulement l'Iran ne doit pas avoir la bombe atomique, mais aussi la possibilité de la produire. Sur ce point tout le monde est d'accord », explique ce membre de l’Académie des sciences russe.

« C'est sur la tactique que les points de vue divergent quelque peu. La Russie et la Chine sont catégoriquement opposées à une solution militaire et rejettent les sanctions unilatérales. Ni Moscou ni Pékin ne veulent que l'Iran soit une puissance nucléaire, mais comment régler ce problème ? Poutine va discuter de cette question avec les autorités israéliennes ».

Ces dossiers seront également abordés par Vladimir Poutine mardi 26 juin, en Cisjordanie, avec le président Mahmoud Abbas, puis en Jordanie, avec le roi Abdallah II. Depuis le début de la crise en Syrie, la Jordanie fait face à un afflux de dizaines de milliers de réfugiés syriens.

En tant que membre de la Ligue arabe, Amman a demandé à Moscou de cesser de livrer des armes à Damas, ce que la Russie refuse d'entendre, arguant que les équipements qu'elle envoie en Syrie ne sont pas susceptibles d'être utilisés contre des manifestants pacifiques.

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