Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Mohamed Morsi a d’abord tenu à souligner qu’il était le président de la révolution : « Sans le sang des martyrs je ne serais pas là », a-t-il déclaré.
Il s’est engagé à réaliser les objectifs de la révolution : « Liberté, dignité et justice sociale ». Il a aussi salué l’armée, une institution qu’il s’est engagé à renforcer.
Le président Frère musulman a cherché à rassurer la police en indiquant que seuls les éléments criminels seront châtiés, ainsi que les magistrats à qui il a promis une « vraie indépendance » des pouvoirs exécutif et législatif.
Le président élu s’est, d’autre part, déclaré « le raïs de tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, hommes et femmes », et les a tous appelés à s’unir pour réaliser la « renaissance de l’Egypte ».
En politique étrangère, il a implicitement tenu à rassurer les Etats-Unis et Israël en affirmant que l’Egypte respectera tous ses accords et engagements.
Mais cette référence aux traités de paix n’a pas empêché Mohamad Morsi de conclure que « l’Egypte était prête à repousser toute agression, d’où qu’elle vienne ».
Un coup très dur porté au régime militaire
L’élection de Mohamed Morsi porte un coup très dur au régime militaire qui sévit en Egypte depuis le renversement du roi Farouk en 1952. Quatre présidents militaires se sont succédé au cours de cette 1ère République. Une République qui a fini en empire géré par l’appareil militaire.
Usines d’armement et exportation d’armes, industrie agro-alimentaire, stations-service, hôtels et compagnies touristiques, il ne faut pas non plus oublier que l’armée est le plus grand propriétaire terrien d’Egypte. En fait, tout terrain qui n’appartient à personne appartient à l’armée.
Mais la Deuxième République naissante ne s’est pas encore débarrassée du pouvoir des militaires. Le Conseil suprême des forces armées qui reste à la tête de l’exécutif jusqu’à la prestation de serment de Mohamed Morsi détient aussi le pouvoir législatif après la dissolution de l’Assemblée du peuple. Une armée qui est aussi totalement autonome puisqu’elle gère son budget et ses nominations et que son chef, le maréchal Tantaoui, est commandant en chef des forces armées.