Les deux candidats à la présidentielle égyptienne revendiquent la victoire

En Egypte, à l’issue du second tour de la présidentielle, dimanche 17 juin, le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, revendique la victoire, alors que dans le même temps, l’armée s'est octroyée de vastes prérogatives. Les militaires ont réitéré ce lundi leur message : ils remettront avant le 30 juin le pouvoir au nouveau chef de l'Etat. Mais à qui ? Le candidat Ahmed Chafik, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, assure en effet à son tour que des résultats encore provisoires le placent en tête du scrutin. C’est la guerre des communiqués.

Avec notre envoyée spéciale au Caire, Murielle Paradon

Il faut dire que Mohamed Morsi a, dès 3 heures du matin, annoncé ses résultats. Il a promis immédiatement de servir tous les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie, la paix. Il s’est, depuis le début, posé comme défenseur de la révolution, mais l’autre candidat, Ahmed Chafik, a contesté ces résultats. Pour ce dernier, Morsi lui a volé la victoire. Il l’accuse d’avoir commis des fraudes et devrait d’ailleurs déposer plainte auprès de la Commission électorale. C’est elle qui annoncera les résultats officiels, mais pas avant plusieurs jours.

Les partisans des Frères musulmans, eux, sont descendus dans la rue. Sur la place Tahrir, 200 personnes tout au plus agitent des drapeaux, klaxonnent. On entend les youyous des femmes. Pour eux, tout va changer maintenant. Morsi va réaliser les souhaits de la révolution. Mais pour l’instant, c’est plutôt l’attente avec un peu de tension, évidemment, entre les deux camps.

Les militaires n’ont pas réagi directement

L’armée, qui détient le pouvoir aujourd’hui en Egypte, n’a pas réagi directement à la victoire annoncée de Mohamed Morsi. Elle s’est juste félicitée du bon déroulement du scrutin et a promis à plusieurs reprises lors d’une conférence de presse de rendre le pouvoir aux civils le 30 juin, comme prévu.

Pour autant, il y a beaucoup de motifs d’inquiétude. L’armée a annoncé qu’elle s’octroyait le pouvoir législatif, comme le Parlement a été dissous il y a quelques jours, et que le président aura déjà le pouvoir exécutif. Ce sont donc les militaires qui feront les lois, même si elles devront être validées ensuite par le président. Tout cela jusqu’à ce qu’un nouveau Parlement soit élu. Mais au préalable, il faudra rédiger une Constitution et organiser un référendum pour la valider.

L’Egypte est donc en pleine reconstruction. Les Egyptiens attendent, résignés, désabusés, le résultat de tout cela. Ils ont très peu voté ce week-end et veulent avant tout retrouver la stabilité pour améliorer leur quotidien.
 

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