Le président français, François Hollande, a annoncé ce mardi matin l'expulsion de l'ambassadrice syrienne à Paris, Lamia Chakkour. C'est Berlin qui, quelques minutes plus tard, a emboîté le pas à la France en déclarant avoir convoqué son ambassadeur de Syrie pour lui signifier son expulsion du territoire allemand. L'ambassadeur a 72 heures pour quitter l'Allemagne.
En Grande-Bretagne, le chargé d'affaires syrien à Londres, le plus haut représentant de Damas au Royaume-Uni, a à son tour été expulsé en début de journée. Rome a également expulsé le représentant diplomatique syrien en Italie. Puis Madrid s’est joint au mouvement en renvoyant à Damas son représentant syrien en Espagne.
Hors d'Europe, le Canada et l'Australie ont également durçi le ton face au régime répressif de Bachar el-Assad en renvoyant de leur pays les représentants diplomatiques syriens. Washington a annoncé en fin de journée l'expulsion du chargé d'affaires syrien.
Cette série d’expulsion, saluée par le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, intervient au moment où les ambassadeurs des 27 pays de l'UE se réunissent à Bruxelles pour évoquer la situation en Syrie après le massacre de Houla, qui a provoqué l'indignation de la communauté internationale.
François Hollande, qui a réaffirmé la nécessité pour le président syrien de « quitter le pouvoir », a annoncé dans le même temps la tenue dans la capitale française début juillet d’une réunion du groupe des pays amis de la Syrie.
Les Casques bleus pris pour cible
A Damas, l’émissaire des Nations unies Kofi Annan a rencontré le président syrien, alors que la mission de l'ONU, est de plus en plus critiquée.
Kofi Annan le dit lui même c’est un « moment charnière » pour sa mission en Syrie. Les violences continuent et sur le terrain, le chef des Casques bleus, Hervé Ladsous, constate que les observateurs sont pris pour cible : « Nos Casques bleus se font agresser, se font attaquer, et sont l'objet de tirs [...] à l'arme individuelle. Heureusement, ils sont tous dans des véhicules blindés. Ce n'est évidemment pas acceptables. »
Les relations avec le gvt syrien sont au plus bas. Pour Hervé Ladsous, l’implication des forces gouvernementales dans le massacre de Houla ne fait guère de doute : « Un certain nombre de ces victiles l'ont été de fragments d'obus et d'éléments d'artillerie lourde. Or, que je sache, seul le gouvernement syrien a l'usage de blindés, de canons, de mortiers. »
Pour l’heure, pas question de prononcer l’échec de la mission Annan. Les officiels onusiens se contentent de répéter qu’il n’y pas de plan B.
En quatorze mois, les violences ont fait plus de 13 000 morts, dont plus de 1 800 depuis le 12 avril, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
(Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour)