Bachar el-Assad espère un infléchissement de la politique française sur le dossier syrien

Dans un entretien diffusé par la télévision russe Rossia 24 ce mercredi 16 mai, le président syrien Bachar el-Assad a déclaré espérer que « le nouveau président va penser aux intérêts de la France », et changer de politique sur le dossier syrien. Pendant ce temps, la répression contre les contestataires du régime se poursuit. Les provinces de Deraa, Idleb et Homs étaient encore ce mercredi sous le feu des forces gouvernementales.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

Après plusieurs mois de silence, le président syrien est apparu tout aussi intransigeant et inflexible. Pour Bachar el-Assad, la majorité des Syriens soutiennent son régime. Preuve en est, leur participation aux législatives, malgré les dangers et les menaces.

« L’armée syrienne libre n’est ni une armée, ni libre. C’est une bande de criminels, dit-il, financés et armés par l’étranger. Les opposants n’ont pas de poids à l’intérieur de la Syrie ». Le chef de l’Etat syrien a accusé l’Occident de vouloir semer le chaos. « Mais ce chaos, a-t-il averti, risque de s’étendre partout ».

Bachar el-Assad a surtout adressé dans son interview un message à la France, l’accusant d’avoir provoqué la mort de centaines de milliers de Libyens. Et, il a exprimé l'espoir d'une inflexion avec l’accession à la présidence de François Hollande.

« J’espère que le nouveau président va penser aux intérêts de la France. Je suis sûr qu’il ne compte pas continuer de semer le chaos au Proche-Orient et dans l’ensemble du monde arabe », a-t-il dit.

Selon le président syrien, le chaos et le terrorisme risquent d’avoir des répercussions sur les Européens qui sont les voisins des Syriens. Bachar el-Assad a reproché aux pays occidentaux d’ignorer les violences commises par les opposants armés, et d’exagérer celles qui sont imputées au pouvoir.


Les troupes syriennes ont mené ce mercredi 16 mai des opérations meurtrières dans plusieurs régions du pays. Les combats entre soldats et rebelles se multiplient, alors que 200 observateurs de la mission de l'ONU sont désormais sur place. Six observateurs qui avaient été bloqués mercredi dans une attaque à Khan Cheikhoune ont été évacués de la ville. Selon l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme), 15 civils ont été exécutés dans la nuit de mardi à mercredi à Homs. Pour Abdul Omar, opposant syrien à Londres, la situation ne fait qu'empirer.

 « On ne devrait pas mesurer la situation juste par un décompte quotidien des morts. Il y a aussi d’autres choses à prendre en compte. Les gens meurent aussi parce que dans beaucoup d’endroits à travers le pays ils n’ont pas accès à des médicaments ou à de l’aide. La situation empire chaque jour en Syrie, et la communauté internationale a échoué, jusqu’à maintenant, à protéger la population.

Depuis le début, les opposants sont, au mieux, sceptiques sur le succès de cette mission. On a un groupe d’observateurs qui ne peuvent rien faire. Ils peuvent juste regarder ce qui se passe. Et face à eux, le régime fait tout pour rendre la mission difficile, pour intimider.

Ce manque de clarté sur l’action du régime va mener à l’échec de la mission, si ce n’est déjà fait. Pour moi, la mission a déjà échoué. Cette mission avait six objectifs, mais aucun d’entre eux n’a été atteint ».

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