Turquie: le procès historique des généraux putschistes a débuté

Ce mercredi 4 avril, s'est ouvert à Ankara le procès de l'auteur du putsch militaire de 1980 en Turquie, Kenan Evren, et d'un autre membre de sa junte, Tahsin Sahinkaya. La procédure est inédite dans un pays qui a connu trois coups d'Etat militaires depuis 1960. Le Parlement, le gouvernement, des syndicats et de nombreuses organisations et personnalités se sont portés parties civiles.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Trente-deux ans après son coup d’Etat, Kenan Evren, septième président de la Turquie, 94 ans aujourd’hui, ne sera pas présent dans le box des accusés pour répondre de ses actes. Son bras droit, Tahsin Sahinkaya, 86 ans, ne se présentera pas non plus devant les juges. Des raisons médicales sont avancées.

Agé et malade, Kenan Evren avait de toute façon prévenu qu’il n’accepterait jamais de comparaître devant la justice, préférant même se suicider que de se justifier. Depuis la modification de la Constitution -en septembre 2010- qui permet de juger les militaires, la Turquie a pourtant décidé d’apurer les comptes du passé. Et ce procès promet, pour la première fois, d’en finir avec l’impunité des généraux putschistes.

Il y a donc ceux de 1980, mais aussi ceux du coup d’Etat de 1960, dont certains sont encore en vie mais pourraient bénéficier de la péremption, faute d’inculpation pour crimes contre l’humanité, alors que ceux du coup d’Etat de 1971 ne sont plus là pour répondre de leurs crimes. Le Parlement, le gouvernement, des syndicats et de nombreuses organisations et personnalités se sont portés parties civiles, et des manifestations sont attendues ce matin à Ankara à l’ouverture de ce procès inédit.

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