Madame la présidente, avec son joli sourire, sa grâce naturelle et ses robes griffées faisait encore, au printemps dernier, la Une de Vogue. La révolte gronde déjà à Deraa, dans le sud du pays, mais le célèbre magazine américain consacre plusieurs pages à « la plus fraîche et la plus magnétique des premières dames ».
Surnommée la« Rose du désert », Asma el-Assad, éduquée en Grande-Bretagne, a longtemps incarné le « côté doux » de la dictature. Elle renonce à une carrière d'analyste financière pour épouser Bachar el-Assad, qui achève alors ses études d'ophtalmologue à Londres. Le jeune couple qui s'aime est atypique. Le mariage n'est pas arrangé et déplaît même à une partie du clan Assad.
Asma est sunnite, la famille de Bachar lui aurait préféré une alaouite. La jeune épouse doit s'imposer. Elle tente aussi de se rapprocher de son peuple avec des activités humanitaires. Asma a ainsi l'occasion, dès le début de la révolte, d'entendre des femmes lui parler de la répression. Elle écoute mais s'enferme dans le silence. Asma ne dit rien, mais on découvre qu'elle écrit beaucoup de mails. Des messages piratés révèlent ses achats frénétiques de bijoux et d'objets de luxe. La « Rose du Désert » s'est muée en Marie-Antoinette, distante, hautaine et coupée de son peuple.