Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Si les Nations unies parlent de discussions «franches» entre Kofi Annan et Bachar el-Assad, il faut bien admettre qu’aucun progrès tangible n’a été fait. Kofi Annan a reçu pour mandat de l’ONU de stopper les violences en Syrie, d’obtenir un cessez-le-feu et d’engager une médiation entre le gouvernement syrien et l’opposition.
Mais les propositions de Kofi Annan ont été accueillies très fraîchement par Bachar el-Assad. Le président syrien a exclu de négocier avec l’opposition avant que ceux qu’il a appelé des « groupes terroristes » soient éliminés.
L’opposition refuse de toute façon également toute discussion, estimant que trop de sang a coulé. La marge de manœuvre de Kofi Annan est donc très étroite. Un diplomate du Conseil de sécurité a même estimé que sa mission n’a pas plus de 5 % chances de réussite, mais c’est pour l’instant la seule option diplomatique possible pour éviter que la Syrie ne s’enfonce dans la guerre civile.
Au Caire, la Ligue arabe et la Russie ont négocié un accord
Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Les Arabes, qui accusaient le régime syrien de «génocide» et réclamaient l’envoi d’une force arabo-onusienne de maintien de la paix, ont sacrifié leurs précédentes résolutions, sur l’autel de la realpolitik. Des concessions prenant en compte la réalité sur le terrain.
L’opposition syrienne armée est mal en point devant l’offensive des forces du régime syrien. Une opposition qui n’est pratiquement plus en état de rendre les coups et qui a abandonné ses positions dans les grandes villes comme cela s’est passé dans le quartier de Baba Amro à Homs.
Parer au plus pressé
Aujourd’hui les forces gouvernementales sont, de facto, les seules pratiquant la violence. Par ailleurs la demande d’envoi d’une force de maintien de la paix était irréaliste du fait du veto russe et du refus de la plupart des pays arabes de dépêcher des troupes en Syrie.
On a donc paré au plus pressé : l’envoi de l’aide humanitaire. Une fois qu’une résolution du Conseil de sécurité, même affaiblie, sera adoptée grâce à une abstention russe les Arabes sont convaincus que le régime syrien s’enferrera de lui-même.
Il ne respectera pas la résolution, ce qui sera constaté par le mécanisme de supervision. Au cas où tout cela ne marcherait pas, on pourra toujours recourir à l’option mise en sourdine : armer l’opposition.