Le film « Cairo Exit » censuré en Egypte

Cairo Exit, un long-métrage qui raconte l'histoire d'une jeune chrétienne enceinte de son fiancé musulman et pose la question de l'avortement et de l'émigration, a été censuré en Egypte. Ce n'est pas la première fois qu'une oeuvre est considérée contraire aux bonnes moeurs depuis la victoire électorale des isalmistes, qui veulent imprimer leur marque sur la production culturelle du pays. 

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Cairo Exit, c'est l’histoire d’une jeune chrétienne pauvre, enceinte de son fiancé musulman. Il lui laisse le choix entre un avortement illégal en Egypte ou fuir avec lui pour l’Italie à bord d’un bateau de clandestins. « Un sujet inadéquat dans l’atmosphère actuelle »,  a jugé la censure, dans une décisions sur laquelle plane le rigorisme des islamistes triomphants.

Cette atmosphère de contrôle des moeurs propagés par les productions culturelles n'est pas nouvelle. La télévision gouvernementale a pris les devants en coupant les baisers sur la bouche dans les films et feuilletons. Début février, le comédien Adel Imam, monstre sacré du cinéma égyptien et arabe, a été condamné à six mois de prison. Motif : mépris de l’islam. Imam avait critiqué les islamistes dans plusieurs de ses films et comédies.

Puis, une semaine plus tard Le Centre national de traduction, un organisme gouvernemental, a censuré deux chapitres d’un livre du philosophe laïc égyptien Daoud Khashaba. Raison : les chapitres étaient antireligieux. Même Naguib Mahfouz, le prix Nobel égyptien de littérature n’a pas échappé aux foudres des salafistes. Le cheikh Abdel Moneim el Chahat a jugé que l’œuvre du romancier « incitait au stupre et à l’athéisme ». Un climat qui a poussé intellectuels et artistes à manifester devant le parlement pour défendre la liberté de penser. En vain, visiblement.

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