En Egypte, le procès des ONG pour financement illicite est ajourné

Quarante-trois personnes devaient comparaitre ce dimanche 26 février devant la cour d’assises du Caire mais le procès a été ajourné au 26 avril. Elles sont accusées d’avoir créé des ONG non accréditées et d’avoir reçu un financement étranger illégal. Les accusés faisaient partie de cinq ONG américaines et une allemande. Parmi les accusés 19 sont américains. Une dizaine d’entre eux sont réfugiés dans leur ambassade. Il y a aussi des accusés allemands, serbes, arabes et égyptiens. Même si, jusqu’à présent, ils n’ont fait l’objet d’aucun mandat d’arrêt, les accusés risquent jusqu’à cinq années de prison.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Il s’agit officiellement d’une affaire purement juridique. Mais en pratique, l’affaire a incontestablement une dimension politique.

Le battage médiatique qui l’accompagne en témoigne. Pas un journal, pas une chaîne de radio ou de télévision gouvernementale qui n’accorde quotidiennement une large place à l’affaire des ONG. Des légions de journalistes, juristes, politiciens et hauts responsables tirent à boulets rouges sur les accusés. Ils sont tour à tour qualifiés d’espions, de conspirateurs, d’agents impérialo-sionistes cherchant à semer le chaos, à saper les fondements de l’Etat et à diviser l’Egypte. Aucune accusation ne leur est épargnée.

Mais au-delà des ONG elles mêmes, ce sont les militants égyptiens pour les droits de l’homme qui sont visés. Ceux-ci ont collaboré avec ces organisations et forment aujourd’hui la colonne vertébrale de la contestation politique. Ce sont ces militants qui manifestent régulièrement et exigent que les militaires abandonnent le pouvoir. Forcément, ils indisposent le Conseil suprême des forces armées à la tête de l’exécutif et les islamistes à la tête du législatif, deux forces qui ont conclu une alliance tacite de partage du pouvoir.

 

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