La journée a été chargée en émotions au Yémen. Pour le nouveau président, élu mardi pour un mandat intérimaire de deux ans avec 99,8% des voix (il était le seul candidat), ce samedi 25 février devait être la journée de son serment devant le Parlement à Sanaa.
En présence de son prédécesseur Ali Abdallah Saleh, qui a quitté le pouvoir en janvier sous la pression de la rue (après 33 de règne), Abd Rabbo Mansour Hadi a promis de rétablir la sécurité, « sans laquelle tout développement économique serait impossible ». Pour l’ancien militaire, « la poursuite de la lutte contre al-Qaïda est un devoir patriotique et religieux ».
Pendant ce temps, un attentat suicide à la voiture piégée avait lieu juste à l’entrée de son palais présidentiel dans le sud-est du pays, à Moulkalla, faisant 26 morts parmi les soldats de la Garde républicaine, ainsi que de nombreux blessés envoyés à l’hôpital Ibn Sina dans un climat particulièrement tendu.
Selon une source militaire citée par l’AFP, l'attentat « porte l'empreinte d'al-Qaïda ». Le kamikaze pourrait même être Mohammed al-Sayari, un Saoudien originaire de la province du Hadramout, dont Moukalla est la capitale.
D'autres échauffourées ont eu lieu samedi à Aden, épicentre des manifestations autonomistes du sud du Yémen (indépendant avant 1990). Des unités de l'armée y lançaient l’assaut contre les occupants d’un campement de militants, sur la place des Martyrs dans le quartier de Mansoura.
Résultat : une vive résistance et des échanges de tirs pendant des heures, avant que les soldats de l’armée ne prennent le dessus et démantèlent le campement, installé depuis des mois.
Les autonomistes sudistes avaient déjà sérieusement perturbé mardi le déroulement de la présidentielle anticipée, qui a sacré M. Hadi, homme né dans la province sudiste d’Abyane, mais passé du côté des nordistes en 1986, avant de devenir en 1994 le vice-président du Yémen unifié.
Dans son allocution au Parlement, le nouveau président (qui prendra officiellement ses fonctions lundi) a appelé ses concitoyens à « ouvrir un nouveau chapitre pour construire un Yémen qui intègre tous ses citoyens ». A en croire les évènement de samedi, la route est encore longue avant qu’il n’y parvienne.