Avec nos correspondants à New York, Moscou et Bruxelles
Le veto de la Russie et de la Chine a surpris les diplomates de l’ONU. Après huit jours de négociations, l’ambassadeur français Gérard Araud, pensait que cette fois un compromis était possible : « Ce double veto aux yeux de tout le monde est incompréhensible [...] parce que la résolution était un texte simple : nous soutenions l'initiative de la Ligue arabe, nous avions fait beaucoup d'efforts, nous avions fait disparaître beaucoup de dispositions que n'aimaient pas les Russes. »
La Russie a considéré par la voix de son ambassadeur, Vitaly Churkin, que le plan de la Ligue arabe demandant le retrait des forces syriennes, n’était suffisamment ferme avec les groupes armés liés à l’opposition : « Quand le gouvernement syrien se retire, ce sont des groupes armés qui prennent sa place ! Et puis rien n’oblige le Conseil de sécurité à adopter ce qu’a décidé une organisation régionale au mot près. Ce n’est pas le Coran ou la Bible. »
Plusieurs ambassadeurs craignent que ce veto ne soit interprété comme un feu vert à Bachar el-Assad pour alourdir la répression.
Pour la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, le veto russo-chinois revient « à endosser la responsabilité des horreurs qui se produisent en Syrie ». « Sans une action commune, avec la communauté internationale, je crains que la fin de partie ne soit la guerre civile », a-t-elle affirmé.
Les réactions en Europe
Le ton est parfois différent, mais à l'unisson, les Européens regrettent les veto russes et chinois au projet de résolution des Nations unies.
Le plus virulent est le ministre britannique des Affaires étrangères. William Hague estime que Moscou et Pékin « abandonnent le peuple syrien ». Il accuse les deux pays d'« encourager le régime brutal du président Bachar el-Assad. »
Nicolas Sarkozy, de son côté, a déplorédouble veto et affirmé que « la tragédie syrienne doit cesser ». Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé, sur RFI dimanche que le véto sino-russe s'expliquait notamment par les incertitudes quant aux capacités de l'opposition à prendre la suite de Bachar al-Assad.
L'Union européenne avait multiplié les contacts pour parvenir à un accord. En déplacement au Brésil, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, demandait aux autorités brésiliennes et à l'ensemble de Conseil de sécurité de l'ONU de voter en faveur de ce texte.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, regrette lui aussi le veto de la Russie et de la Chine. Il demande aux deux pays de prendre leurs responsabilités et de permettre ainsi à la communauté internationale d'agir d'une même voix.
L'opposition syrienne s'est elle aussi dite très déçue de l'opposition renouvelée de deux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Bassma Kodmani, membre du Conseil national syrien (CNS), a demandé que les « principaux responsables syriens soient mis en accusation par la Cour pénale internationale ». Elle a également réitéré la demande « insistante et urgente » du CNS pour que la population syrienne ait accès à l'assistance humanitaire, enjoignant les Occidentaux à accentuer la pression pour que les ONG puissent entrer sur le territoire syrien.