De notre correspondant à New York
Dans les grandes lignes, le texte présenté ce mardi, dont RFI s’est procuré une copie, reprend les propositions de la Ligue arabe pour mettre fin au conflit :l'appel à l’arrêt de toutes les violences,la libération de toutes les personnes détenues « arbitrairement », le retrait des forces armées des villes syriennes, et enfin l'accès libre et entier aux observateurs de la Ligue arabe.
Le cœur de la résolution se trouve au paragraphe 7. On y trouve les propositions pour une transition du pouvoir en Syrie, telle que décrite au cours de la houleuse réunion de la Ligue arabe le 22 janvier dernier, au Caire. Bachar el-Assad est sommé de « déléguer toute son autorité » à son vice-président, qui serait chargé de former un gouvernement d’union nationale et de préparer des « élections transparentes et démocratiques », sous supervision internationale et de la Ligue arabe. Le terme « déléguer » est volontairement large pour ne pas être accusé de soutenir un renversement du régime, mais entre les lignes, c’est bien du départ du président syrien dont il s’agit.
Si le texte demande également l’arrêt des violences de « toutes les parties y compris les groupes armés [ d’opposition, NDLR] », l’accent est mis sur les « violations des droits de l’homme flagrantes et généralisées » de la part des autorités syriennes. Un langage contesté par la Russie. Moscou considère en effet essentiel d’établir une équivalence dans la responsabilité des violences entre les autorités syriennes et l’opposition. Les Européens et les Etats-Unis s’y refusent.
Ne pas franchir la ligne rouge tracée par Moscou
La résolution ne comporte ni sanctions, ni référence à la Cour pénale internationale (CPI), deux lignes rouges pour la diplomatie russe. Pas question non plus d’adopter un embargo sur les armes. Le Conseil se contenterait d’exprimer sa « profonde inquiétude sur le transfert continu d’armes vers la Syrie ».
Cette résolution a-t-elle une chance d’être adoptée ? L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitaly Churkin, a déjà indiqué que le texte était « inacceptable » en l’état.
La Russie se refuse pour l’instant à lâcher Bachar el-Assad, son dernier allié au Proche-Orient. Un veto russe sera politiquement délicat car interprété comme un vote de Moscou contre le monde arabe et la volonté de la Ligue arabe, mais cela reste l’hypothèse la plus probable. La Russie peut également choisir de s’abstenir et laisser passer cette résolution. La Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Pakistan, également très réservés, suivront probablement la décision russe quelle qu’elle soit.