Les juges, qui considèrent que le refus du Premier ministre de relancer les affaires de corruption est un délit d'outrage à la Cour, ne semblent pas convaincus par ses affirmations. Ils ont demandé à Yusuf Raza Gilani de préciser ses propos, lors de la prochaine audition, le 1er février.
Les analystes considèrent que la Cour suprême pakistanaise cible en réalité le président Asif Ali Zardari, lui-même visé par plusieurs enquêtes pour corruption, dans les années 1990.
En 2009, la Cour suprême a annulé un décret de 2007 amnistiant le chef de l'Etat et les membres du gouvernement. Le président de l'époque, le général Pervez Musharraf, avait conclu une alliance secrète avec Benazir Bhutto, alors leader de l'opposition, de retour d'exil. Le président avait décrété une amnistie générale - dont avaient bénéficié 8 000 personnes. Parmi elles, Benazir Bhutto et son mari Asif Ali Zardari. Le couple était alors sous le coup d'enquêtes pour des détournements de fonds, du temps ou Benazir Bhutto était Premier ministre et son mari ministre. Après l'assassinat de Benazir Bhutto dans un attentat suicide - et la victoire de son parti aux législatives de 2008 - Zardari avait été élu président par le Parlement.
Si les magistrats de la Cour suprême jugent le Premier ministre Gilani coupable d'outrage, il pourrait être contraint à la démission. Des élections législatives anticipées pourraient se tenir avant la fin de l'année.