Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry
C’est sous haute protection que le Premier ministre s’est présenté jeudi matin devant la Cour suprême du Pakistan. La plus haute juridiction du pays lui reprochait de ne pas avoir respecté les décisions de la justice et notamment de ne pas avoir écrit aux autorités suisses pour leur demander de rouvrir une procédure judiciaire contre le président de la République.
Une affaire de corruption présumée : l’actuel chef de l’Etat et sa femme, feu Benazir Bhutto, sont soupçonnés d’avoir détourné des fonds dans les années 1990 qu’ils auraient ensuite placés sur des comptes en Suisse. Ils ont bénéficié en 2007 d’un décret d’amnistie annulé deux ans plus tard par la Cour suprême. Pourtant le Premier ministre s’est refusé jusque-là à écrire cette lettre à la Suisse, estimant que tant qu’il était en fonction, Asif Ali Zardari bénéficiait de son immunité présidentielle.
Ce jeudi devant la Cour, le Premier ministre a réitéré cet argument. Pour sa comparution le chef du gouvernement a choisi un avocat connu du grand public, Aitzaz Ahsan. Un choix très habile au moment où les tensions entre la justice et le gouvernement sont fortes. Car l’avocat du Premier ministre est aussi connu pour avoir été l’un des plus fervents partisans de l’actuel président de la Cour suprême quand le régime précédent avait voulu le démettre de ses fonctions.
Le Premier ministre, accusé d’outrage à la Cour pour avoir tardé à appliquer ses décisions, a sans doute voulu jouer l’apaisement en montrant ce 19 janvier son respect de la justice, selon ses propres termes. La prochaine audience aura lieu le premier février.