Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
S’il y a quelqu’un qui a été pris de court par l’ascension fulgurante des salafistes, ce sont bien les Frères musulmans. Ils s’attendaient à batailler, dans le second tour, contre des laïcs faciles à taxer d’ennemis de l’islam et les voici confrontés à plus islamistes qu’eux.
Pour la plupart des 52 sièges en ballotage le duel est entre un candidat du Parti de la liberté et de la justice des Frères musulmans et un candidat du parti salafiste al-Nour. Des salafistes qui n’ont pas le savoir faire politique des Frères mais qui sont mieux implantés dans les quartiers informels et les bidonvilles.
Mais la confrérie, qui en était déjà à se voir former un gouvernement, appréhende maintenant une alliance avec des salafistes qui ne seront plus réduits au rang de figurants. Des salafistes dont l’intransigeance en matière religieuse - femmes à la maison, voile obligatoire, censure draconienne, chrétiens exclus du gouvernement et de l’armée – choque une bonne partie des Egyptiens. Gouverner avec de tels rigoristes ne sera pas facile surtout dans un pays où le tourisme est le moteur de l’économie.