La France en première ligne diplomatique sur la Syrie

La Syrie n'est pas la Libye et il n’y pas d'option militaire envisagée contre le régime de Bachar el-Assad au nom de la France. Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, a tenu à contredire des rumeurs persistantes. Et alors que sur le terrain, la répression continue de faire des morts chaque jour, Paris se place en première ligne sur le plan diplomatique et déclare notamment le Conseil national syrien (CNS) comme l’interlocuteur légitime en Syrie.

La France se place en première ligne diplomatique sur le dossier syrien : le Conseil national syrien est donc, pour Paris, l'interlocuteur légitime pour parler au nom de la Syrie. Une annonce solennelle du Quai d'Orsay en présence du chef du CNS Burhan Ghalioun. Une qualification importante, plus forte que celle de Washington qui parle pour l'instant d'interlocuteur crédible.

C'est la dernière étape avant une reconnaissance formelle. Mais Paris souhaite faire cette dernière démarche en accord avec les pays de la Ligue arabe. C'est aussi une reconnaissance moins rapide qu'avec l'opposition libyenne. Au mois de mars, c'est le président Nicolas Sarkozy lui-même qui avait parlé du Conseil national de transition libyen comme du seul représentant du peuple libyen. Sur la Syrie, c'est un mélange de fermeté et de prudence. Mais une chose est sûre ce matin, Paris a définitivement rompu avec le régime de Bachar el-Assad.

Corridor humanitaire

Autre initiative de la France, un corridor humanitaire pour protéger les populations. Et là encore, on peut parler d'une France en pointe sur la Syrie, mais essentiellement d'un point de vue humanitaire. Paris souhaite examiner avec ses partenaire européens la possibilité d’installer ses corridors, et donc une zone tampon, en Turquie et peut-être au nord du Liban, pour alléger les souffrances des populations civiles.

Quand il plaide pour des corridors humanitaires en Syrie, le chef de la diplomatie française précise que ce sont « des couloirs, dans lesquels les organisations humanitaires peuvent faire parvenir des produits médicaux » ou de première nécessité. Alain Juppé s'appuie d'ailleurs sur le récent précédent libyen. Des « couloirs », dans la région de Misrata, avaient permis à des organisations humanitaires comme la Croix-Rouge de faire parvenir des produits médicaux à la population.

Mais pour atteindre cet objectif, les Occidentaux avaient dû auparavant intervenir militairement pour s'assurer le contrôle du ciel et de la mer. Pour l'instant, Alain Juppé n'exclut pas que le régime syrien accepte le principe de ces zones sécurisées. Mais si ce n'est pas le cas, le chef de la diplomatie française reconnait qu'il faudra « forcément envisager une autre solution ». Pour l'instant, « l'option militaire » est totalement exclue. Il s'agirait plutôt d'une intervention avec « des observateurs internationaux, comme cela s'est fait en Libye ».Mais même si elle est de type humanitaire, cette intervention ne se fera pas, assure Alain Juppé, « sans un mandat international », ce qui sous-entend implicitement que rien ne devrait se faire sans un aval du Conseil de sécurité de l'ONU.

Une idée qui fait aussi son chemin aux Etats-Unis. La stratégie pour le moment c'est de protéger du mieux possible les civils syriens et d’accentuer l'isolement diplomatique du maître de Damas.

Sanctions de la Ligue arabe

Ce mercredi, c'est la Ligue arabe qui devrait adopter des sanctions économiques. C'est un nouveau signal très négatif qui va donc être envoyé par les pays arabes à Bachar el-Assad. Le raïs syrien est lâché par cette organisation et par des Etats importants : après la Jordanie, la Turquie, voici que l'Algérie demande ouvertement son départ.

Dans deux jours il y aura à Djeddah, en Arabie Saoudite, une réunion de l'OCI, l'Organisation de coopération islamique qui représente les 57 pays musulmans dans le monde. Une réunion pour demander à Damas de stopper le bain de sang. L'étau se resserre autour de Bachar el-Assad.

 

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