Syrie : la répression continue avant l'expiration de l'ultimatum de la Ligue arabe

L'ultimatum qu'a lancé la Ligue arabe à Bachar el-Assad pour mettre fin aux violences dans son pays expire demain samedi. Mais dans le pays la répression des forces de l'ordre contre les civils continue et a fait au moins douze morts ce 18 novembre parmi les opposants qui se sont de nouveau rassemblés devant les moquées après la prière du vendredi. Pourtant, en coulisses des tractations seraient en cours et le pouvoir syrien aurait accepté, sous conditions, le plan de la Ligue arabe.

Damas aurait accepté sous conditions la proposition de la Ligue arabe d'envoyer une mission d'observateurs en Syrie. C'est ce qu'a annoncé ce vendredi un diplomate syrien sous couvert d'anonymat, cité par plusieurs médias.

La Ligue arabe veut, en effet, envoyer une délégation de 500 personnes, constituée de défenseurs des droits de l'homme, de journalistes et d'observateurs militaires, qui doivent s'assurer de la sécurité des populations civiles. Damas pourrait donner son feu vert à cette mission, si la Ligue arabe accepte d'y apporter un certain nombre d'amendements qui, selon le diplomate syrien, protègeraient « la souveraineté et la dignité de la Syrie ».

On ne connait pas la nature de ces changements demandés par Damas. Mais, toujours d'après cette source syrienne, le régime souhaiterait entre autres que la délégation ne soit pas qualifiée de « mission d'observateurs », mais plutôt de « mission de la Ligue arabe ». Le diplomate assure en tout cas que « l'esprit même de la délégation demeurera inchangé par les amendements ».

Reste maintenant à savoir quelle sera la réaction des membres de la Ligue arabe. Si la Syrie tente une nouvelle fois de gagner du temps elle risque de recevoir une réponse négative.

Pression internationale

En tout cas, la plupart des pays arabes ont déjà condamné fermement la répression en Syrie et les appels au départ de Bachar el-Assad se sont multipliés.

La France, de son côté, a déjà déposé à l'ONU une résolution condamnant le régime syrien. Et en voyage à Moscou, ce vendredi, le Premier ministre français, François Fillon a expliqué que le président Assad est resté « sourd » aux appels de la communauté internationale et que la situation était « de plus en plus dramatique ».

« Le président Assad est resté sourd aux appels de la communauté internationale et n’a pas donné suite aux promesses de réformes faites à la Ligue arabe, a annoncé François Fillon. Les massacres se poursuivent. Je veux noter que la Ligue arabe a pris ses responsabilités en prenant des mesures très fortes et nous soutenons les efforts de la Ligue arabe et essentiellement en vu des protections des civils en Syrie, nous avons déposé à l’ONU une résolution à l’Assemblée générale pour condamner la répression en Syrie et nous espérons que cette résolution sera soutenu le plus largement possible. »

« La situation en Syrie est intenable ». Tels ont été ce vendredi matin les mots d'Alain Juppé. Le chef de la diplomatie française qui se trouve depuis jeudi soir en Turquie, l'un des voisins de la Syrie, est inquiet comme la France de voir la situation se dégrader à mesure que les jours passent.

Le chef de la diplomatie française a demandé à la communauté internationale d'accroître la pression sur le régime syrien par la voie de sanctions. La France ainsi que la Turquie redoutent aussi la perspective d'une guerre civile en Syrie.

« Nous pensons avec la Turquie que la situation n’est plus tenable, a déclaré Alain Juppé. Malgré tous les appels qui ont été faits à ce régime pour qu'il se réforme, ce régime n'a rien voulu savoir. Nous demandons à l’opposition syrienne de rester sur leur position sans utiliser la violence mais nous pensons que le moment est venu d’unir nos efforts et d’accentuer les sanctions. La France est entièrement disposée à travailler avec la Ligue arabe et tous les pays de la région et aussi avec l’opposition qui fait preuve de beaucoup de courage. »

Moscou appelle « à la retenue et à la précaution »

Damas, qui jusqu'à présent n'entend rien des pressions internationales, peut compter sur le soutien de la Russie. Vladimir Poutine a rencontré à Moscou son homologue français. Le Premier ministre russe a pour sa part appelé à faire preuve « de retenue et de précaution » au sujet de la Syrie où les violences se sont encore aggravées et au moment où les Occidentaux appellent à des sanctions contre le régime de Bachar el-Assad.

« Nous sommes prêts à travailler avec toute la communauté internationale, mais nous appelons à la retenue et à la précaution, c'est notre position sur cette question, a annoncé Vladimir Poutine. Nous considérons qu’il faut laisser aux peuples, qu'ils soient de tel ou tel côté, la possibilité de déterminer eux-mêmes leur destin. Nous analysons ce qui se passe dans cette région en général. Nous ne savons pas encore comment se termineront les mouvements d’agitation dans de nombreux pays nord-africains. Pour nous, c’est une question très sensible. C’est près de nos frontières. La situation n’est pas facile, notamment dans ce pays. Nous ne savons pas encore comment les choses vont se terminer en Afghanistan. La situation au Pakistan est aussi très complexe. Là-bas, les autorités centrales ne contrôlent même pas tout le territoire, or il s’agit, entre autres, d’une puissance nucléaire. »

Partager :