« La Conférence générale décide de l'admission de la Palestine comme membre de l'Unesco » : malgré le rebondissement provoqué par le soutien de la France, le résultat du vote est sans surprise puisque les Palestiniens savaient pouvoir compter sur les voix des deux tiers de la majorité des 193 Etats membres de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, l'Unesco – 194 avec le tout nouveau Soudan du Sud. Il n'y a en effet pas de droit de véto à l'Unesco, à la différence du Conseil de sécurité où les Etats-Unis ont d’ores et déjà annoncé qu’ils s’opposeraient à la demande d’admission présentée le 23 septembre dernier par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
La France a voté pour
A l'Unesco, Washington a tenté jusqu'à la dernière minute de faire changer d'avis les partisans de l'adhésion : « une mesure contreproductive et prématurée » selon les Etats-Unis. Finalement, les Occidentaux ont voté en ordre dispersé. Le Canada et l'Allemagne se sont prononcés contre l'admission. Tandis que le Royaume-Uni se démarquait des Etats-Unis en se contentant d’une abstention. La France en revanche a voté « oui » à l'entrée de la Palestine à l'Unesco, après avoir tenté, comme les Etats-Unis, d’éviter d’avoir à se prononcer sur cette question brûlante. Paris a laissé Washington faire cavalier seul, évitant en même temps de se déconsidérer dans le monde arabo-musulman.
Le 5 octobre dernier, la France s'était pourtant abstenue lorsque 36 des 58 membres du Conseil exécutif de l'Unesco avaient proposé de mettre ce vote à l'ordre du jour du 31 octobre. Et cela 22 ans après la première demande formulée en 1989 par les Palestiniens pour réévaluer le statut d’observateur de leurs « territoires » à celui de membre de l’Unesco. Un pas symbolique sur la voie de la consécration d’un Etat palestinien encore très virtuel. Mais un pas porté par 107 voix arabes, africaines et sud-américaines. Des voix du Sud donc, auxquelles la France a finalement choisi de joindre la sienne.
La diplomatie française explique que ce vote lui donnera davantage de poids auprès des Palestiniens et qu’il s’agit désormais, pour Paris, de les convaincre de ne pas s’exposer au véto de Washington au Conseil de sécurité. En septembre dernier, le président français, Nicolas Sarkozy avait en effet déjà demandé aux Palestiniens de se contenter d’une démarche à l’Assemblée générale des Nations unies où ils pourraient obtenir un premier statut d’observateur, le temps de relancer des pourparlers de paix avec Israël. La rupture israélo-palestinienne constitue toujours « le fond du problème » selon Paris qui affiche comme objectif la création d’un Etat viable aux côtés d’Israël.
Les Etats-Unis suspendent leur contribution
En dépit de ses maigres chances de succès rapides, la candidature d’un Etat palestinien déposée devant le Conseil de sécurité a servi de catalyseur à l’Unesco où, jusqu’à la dernière minute, les Etats-Unis ont pesé de toute leur influence pour, sinon éviter la reconnaissance d’un Etat palestinien, au moins obtenir qu’elle ne prenne pas effet avant le vote du Conseil de sécurité des Nations unies qui, aux dernières nouvelles, pourrait intervenir le 11 novembre prochain. L’enjeu diplomatique est en effet très fort pour l’administration Obama.
En annonçant qu’il ferait usage de son véto pour empêcher l’entrée d’un Etat palestinien souverain dans le concert des nations, le président américain a fait une concession à Israël dans une perspective électoraliste. Mais il a en même temps ruiné son travail de rapprochement avec le monde arabe et musulman. A l’Unesco, à défaut de véto, les Etats-Unis vont priver l’organisation de 22% de la part de son budget jusqu’ici abondé par Washington. Il n’empêche que, même privée de subsides, l’entrée de la Palestine à l’ONU par la porte culturelle de l’Unesco n’est pas dénuée de valeur politique.
Cette admission à l’Unesco reconnaît en tout cas à l’Autorité palestinienne une souveraineté culturelle pleine et entière sur des territoires et une histoire, comme à Bethléem par exemple où les Palestiniens se réclament de la Grotte de la Nativité du Christ tandis que les Israéliens revendiquent le Tombeau de Rachel, une des matriarches des Hébreux.