L’armée turque poursuit son offensive contre les rebelles kurdes

Quarante-huit heures après le lancement par la Turquie d'une vaste incursion militaire en Irak du nord, qui mobilise plus de 10 000 hommes pour traquer les rebelles kurdes qui avaient tué 24 soldats mercredi 19 octobre 2011, des accrochages meurtriers ont encore eu lieu au soir du vendredi 21 octobre en territoire turc, faisant un mort et trois blessés dans le sud-est du pays.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Sur le terrain, côté irakien, les bataillons turcs ont établi une zone tampon d’environ cinq kilomètres le long de la frontière et ils ratissent les vallées et les camps qui s’y trouvent.  De l’aveu même du PKK, sept responsables militaires de la rébellion ont été tués dans ces opérations. Trois de ces camps seraient entièrement détruits.

Et c’est peut-être la première fois que l’armée turque a entièrement encerclé le mont Kandil, où se trouve le quartier général du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), dont tous les accès sont contrôlés. Sera-t-il pris d’assaut, ou simplement bombardé ? On le verra sans doute dans les jours qui viennent.

Toutes ces opérations sont menées avec l’entier accord des autorités locales kurdes, qui donnent tous les gages d’une étroite coopération avec Ankara. L’état-major turc n’évoque jusque là aucun bilan du côté turc.

Comment en est-on arrivé là, et où va-t-on?

Il y a ceux qui se demandent déjà comment l’armée a pu ignorer les quelque 500 activistes qui ont tué, mardi 18 octobre, 24 soldats dans leur sommeil. Il y a ceux qui se demandent si la Syrie et l’Iran, actuellement en délicatesse avec Ankara, n’ont pas un rôle à jouer dans cette recrudescence de violence en instrumentalisant le PKK.

Beaucoup se posent aussi la question de savoir, en écho à l’adieu aux armes de l’ETA et de l’IRA, si les négociations longtemps secrètes avec la direction de la rébellion sont payantes, si elles peuvent ou doivent continuer.

Le rôle de l’opposition kurde au Parlement, qui ne reconnaît pas le PKK comme une organisation terroriste, est également beaucoup discuté. Beaucoup de commentateurs, et notamment des leaders ou des intellectuels kurdes, croient voir dans la date de cette meurtrière attaque, qui coïncidait avec le début des discussions pour une nouvelle Constitution, le signe que la rébellion ne veut pas d’un tel processus politique.

De tous bords en tous cas, on s’entend sur un point : cette guerre, qui était quasiment oubliée il y a cinq ans, est loin, très loin d’être finie.

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