Avec notre correspondante à Sanaa, Charlotte Velut
L’appel à la prière de mi-journée s’élève dans les airs de l’avenue soixante à Sanaa, une avenue très colorée ce vendredi. Il y a du rouge, du blanc, du noir mais surtout du vert, la couleur qui différencie le drapeau du Yémen à celui de la Libye. Le pays est présent dans tous les esprits.
Les opposants au régime de la capitale yéménite se sont déplacés par milliers pour saluer la mort de Mouammar Kadhafi. « Kadhafi a tué nos frères libyens par milliers. A présent il en reste deux, Bachar el-Assad et Saleh. Des milliers de Yéménites peuvent le remplacer. C’est le prochain, plus qu’une semaine ! », s’enthousiasme Yaël.
« Le peuple veut un nouveau Yémen », répètent les protestataires pendant de longues minutes, les poings serrés agités en cadence dans les airs. Ils croient plus que jamais à un prochain changement dans leur pays. Tous espèrent l’adoption de résolution fortes par le conseil de sécurité des Nations unies afin d’accentuer d’avantage la pression sur le régime d’Ali Abdallah Saleh et accélérer ainsi sa chute.
En Syrie, comme tous les vendredis depuis le début de la contestation, les militants ont appelés ce vendredi 21 octobre à des manifestations contre le régime de Bachar el-Assad. Mais au lendemain de la mort de Mouammar Kadhafi, cette journée était un hommage au peuple libyen. « Ton tour est venu Docteur (Assad) », ont-ils écrit sur la page Facebook dédiée à leur révolution.
Les Comités locaux de coordination, qui rassemblent jeunes et moins jeunes par quartiers, villes et villages, et qui organisent le mouvement de contestation sur le terrain, voient en effet dans la mort de l'ex-Guide libyen « une grande victoire de la troisième révolution arabe, qui envoie des signaux déterminants aux tyrans de la région ».
Si la motivation des opposants syriens paraît plus forte que jamais, la volonté de Bachar el-Assad de se maintenir au pouvoir ne l'est pas moins. Et les conséquences sont toujours aussi sanglantes. Ce vendredi, au moins 19 personnes ont ainsi été tuées sous les balles des forces de sécurité partout dans le pays. Selon l'ONU, plus de 3 000 personnes ont péri dans la répression.