Gilad Shalit, plus de cinq ans d’attente

Depuis le 25 juin 2006, le soldat Gilad Shalit est détenu par le Hamas. Le jeune militaire israélien a été enlevé lors d’une action d’un commando palestinien. Il pourrait être prochainement libéré suite à un accord signé entre son gouvernement et le Hamas concernant la libération de détenus palestiniens. Un accord dont la négociation a été longue et difficile entre période de vive tension et médiation internationale.

L’opération était planifiée de longue date. Le 25 juin 2006, des activistes du Hamas lancent une offensive contre Israël via un tunnel près de Kerem Shalom au sud de la bande de Gaza. Une action en préparation depuis au moins deux mois, expliquera plus tard Mohammed Abdel Al, l’un des porte-parole des Comités de résistance populaire à l’origine de l’attaque qui se termine par la mort de deux soldats israéliens et la capture de Gilad Shalit.

Le soldat Shalit n’a à l’époque pas encore 20 ans. Il effectue alors son service militaire en tant que tankiste dans l’armée israélienne. Depuis son enlèvement, son portrait est présent partout en Israël où il est devenu une vraie cause nationale. Le rapt de Gilad Shalit est revendiqué très rapidement par trois groupes armées palestiniens,  dont les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. Et depuis, c’est le Hamas qui détient le soldat.

En représailles,  le 28 juin, l’armée israélienne envahit la bande de Gaza à la recherche de l’otage. L’opération baptisée « Pluie d’été » fera plus de 400 morts du côté palestinien. Une soixantaine de responsables du Hamas seront arrêtés mais le soldat reste introuvable. Une opération qui va durer plusieurs mois avant le cessez-le-feu du 26 novembre 2006.

Premiers signes de vie

Durant l’opération « Pluie d’été », un premier signe de vie est envoyé aux parents de Gilad Shalit. Un première lettre leur parvient en septembre par le biais de médiateurs égyptiens qui tentent déjà de négocier un échange de prisonniers.

D’autres signes de vie suivront durant toutes ces longues années. Un message audio diffusé par le Hamas en juin 2007 après leur prise de contrôle de la bande de Gaza. Une nouvelle lettre manuscrite en juin 2008. Et enfin, une vidéo en 2009. Dans cet enregistrement Gilad Shalit apparaît pâle mais plutôt en bonne santé. En échange de cette preuve de vie, Israël libère 20 Palestiniennes. La Croix-Rouge fera office d’intermédiaire.

Durant toutes ces années de détention personne n’a rencontré Gilad Shalit hormis ses ravisseurs. La Croix-Rouge a régulièrement demandé l'autorisation de visiter le prisonnier et de lui apporter des soins médicaux. Des demandes restées sans réponse de la part du Hamas.

Les négociations

Très vite après l’enlèvement, les revendications des ravisseurs semblent claires : la libération de prisonniers détenus par l’Etat hébreu. Mais c’est sur le nombre et les noms que les négociations vont porter toutes ces années. Plusieurs fois, on semble proche d’un accord mais à chaque fois les négociations finissent par capoter. L’Allemagne et l’Egypte sont les principaux médiateurs à être intervenus lors de cette crise.

En 2007, les Israéliens enlèvent un commandant militaire du Hamas pour qu’il serve de monnaie d’échange. Mais les négociations sont suspendues en juillet 2008 par le Hamas en raison du blocus de Gaza et des tirs de roquettes. Et en septembre, il rejette une liste de prisonniers qu’Israël se dit prêt à libérer.

Une nouvelle offensive israélienne frappe la bande Gaza en décembre 2008. Cette action durera trois semaines et fera 1 400 victimes parmi les Palestiniens, 13 parmi les Israéliens. L’Etat hébreu fait alors de la libération du soldat Shalit une des conditions préalables à tout cessez-le-feu.

En coulisses, les tractations continuent. Et lors de son arrivée au poste de Premier ministre, Benyamin Netanyahu s’engage à ramener Shalit « sain et sauf ». Une position qu’il atténue l’année suivante quand en juillet 2010 il affirme que son pays ne paiera pas « n’importe quel prix » pour cette libération. Ajoutant qu’il est prêt à relâcher sous conditions un millier de prisonniers palestiniens.

L’action des parents

Tout au long de cette détention, les parents de Gilad Shalit ont été très actifs. Mobilisant régulièrement les médias et l’opinion internationale pour obtenir la libération de leur fils. Depuis le 8 juillet 2010, ils sont installés dans une tente en face de la résidence du Premier ministre israélien à Jérusalem. Leur façon de faire pression sur le gouvernement pour qu’il accepte l’échange de prisonniers avec le Hamas.

En 1 934  jours, Noam et Aviva n’ont jamais renoncé, mobilisant même en France. Gilad Shalit a en effet la double nationalité et Nicolas Sarkozy, le président français a été sollicité sur la question. Dernière action en date, le 6 juin 2011, les parents de Shalit ont porté plainte en France pour enlèvement et séquestration contre le Hamas.

A quelques jours, ou semaines, de la libération de leur fils, les parents de Gilad Shalit ont annoncé qu’ils allaient démonter leur tente face à la résidence de Netanyahu. Mais il restent toutefois prudents affirmant qu’ils attendaient désormais de « voir Gilad à la maison ».

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