Etat palestinien: le Quartette contourne le risque de veto

Malgré la menace d’un veto américain, Mahmoud Abbas a déposé hier vendredi 23 septembre la demande officielle d’adhésion de la Palestine aux Nations unies. Pour éviter un affrontement au Conseil de sécurité, les médiateurs du Quartette pour le Proche-Orient ont lancé un appel aux Israéliens et aux Palestiniens à reprendre les négociations d'ici un mois, avec un délai maximum d'un an pour parvenir à un accord.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Nicolas Falez

Les Palestiniens ont occupé le devant de la scène toute cette semaine à l’ONU. Ils ont réussi à replacer leur dossier au centre de l’attention internationale, là où le printemps arabe avait eu tendance, ces derniers mois, à éclipser le vieux conflit israélo-palestinien.

Mahmoud Abbas quitte New York avec autant de cartes en mains qu’à son arrivée. Il s’est adressé au Conseil de sécurité pour demander l’admission de la Palestine comme Etat-membre à part entière de l’ONU. Mais rien ne l’empêche de bifurquer tôt ou tard vers l’Assemblée générale des Nations unies pour solliciter le statut d’Etat observateur.

Benyamin Netanyahu, lui, quitte New York avec un soutien renforcé de Barack Obama. Le président américain a promis son veto si la demande palestinienne allait jusqu’au vote devant le Conseil de sécurité de l’ONU, quitte à dilapider le peu de crédit dont il disposait encore dans le monde arabo-musulman.

C’est dans ce contexte peu propice que les parrains du processus de paix vont tenter une fois de plus de relancer les négociations. Dans la foulée des discours de Mahmoud Abbas et de Benyamin Netanyahu à la tribune de l’ONU, le Quartet pour le Proche-Orient a proposé la fin 2012 comme objectif pour un accord définitif.

Absence de questions essentielles

La déclaration est peu détaillée sur le fond. Elle se réfère au discours de Barrack Obama en mai dernier, dans lequel le président américain proposait de négocier sur la base des frontières d'avant la guerre israélo-palestinienne de 1967, avec des échanges de territoire acceptés par les deux parties afin de tenir compte des évolutions depuis la guerre des Six jours. Mais le Quartette n'aborde pas, par exemple, la question épineuse des colonies juives, ni la demande d'Israël d'être considérée comme l'Etat-nation du peuple juif. Le plan prévoit en revanche une conférence internationale à Moscou pour évaluer l'avancée des discussions, « au moment qui conviendra ». Une conférence des donateurs pour la Palestine aurait également lieu, à une date non précisée.

Le Quartet va évidemment demander à Israël de prolonger son moratoire. Il devrait également souligner les efforts de l’Autorité palestinienne tant dans le domaine sécuritaire que dans celui de la bonne gouvernance. Il entend également demander aux pays arabes d’accroître leur soutien financier à l’Autorité palestinienne qui reste dans une situation budgétaire fragile.

Hillary Clinton n’a pas caché les difficultés qui restent à surmonter. Elle a encouragé les deux leaders à faire preuve de persévérance. Une qualité dont a su faire preuve l’envoyé spécial des Etats-Unis au Moyen-Orient, George Mitchell, qui n’a cessé de faire la navette entre les deux camps, au cours des 18 derniers mois, pour essayer de relancer le processus. Son succès ne pourra que réjouir l’administration Obama.

L'année dernière, au moment où l'engagement personnel de Barrack Obama laissait espérer une reprise des discussions, le Quartette s'était prononcé pour un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Comme aujourd'hui, il avançait un calendrier ambitieux qui prévoyait de discuter de toutes les questions sensibles - celles des réfugiés et du statut de Jérusalem. Tout cela en un an. Mais les évolutions sur le terrain ont rendu les choses impossibles. Le Quartette compte aujourd'hui sur un contexte international différent pour inciter les parties à renégocier.

 

 

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