La question de la reconnaissance palestinienne embarrasse les Etats-Unis

Les Américains ont prévenu : si les Palestiniens demandent leur adhésion, en tant qu’Etat devant le Conseil de sécurité de l’ONU, ils poseront leur veto. L’administration Obama espère ne pas avoir à en arriver là car ce serait un très mauvais signe à envoyer aux pays arabes. Dans le même temps, les Américains soutiennent coûte que coûte leur allié israélien, pour des raisons stratégiques mais aussi dans le cadre de leur politique intérieure.

Avec notre envoyée spéciale à New York

« Si un accord n’est pas trouvé, les Palestiniens ne connaîtront jamais la fierté et la dignité qui vont de paire avec leur propre Etat. Les Israéliens ne connaîtront jamais la confiance et la sécurité que procurent des voisins qui croient en la coexistence pacifique. Ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui doivent faire la paix, mais chacun de nous à une responsabilité. Nous devons nous inspirer de la tolérance qui est au cœur des trois religions qui considèrent Jérusalem comme sacrée, si nous y parvenons lorsque nous reviendrons ici l’an prochain nous pourrions avoir un nouveau membre des Nations unies une Palestine indépendante, vivant en paix avec Israël ».

Ces mots, prononcés par Barack Obama l’année dernière à la tribune de l’ONU, résonnent d’une façon toute particulière aujourd’hui. Cette année, les Palestiniens s’apprêtent, en effet, à demander au Conseil de sécurité de l’ONU la reconnaissance de leur Etat. Devant cette démarche unilatérale, les Américains finalement font machine arrière. Ils ont prévenu qu’ils poseront leur veto à toute demande formelle. Depuis plusieurs semaines maintenant l’administration américaine redouble d’efforts en coulisse pour prévenir ce scénario qui constituerait un revers diplomatique majeur. Le département d’Etat a envoyé des messages officiels à plus de 70 pays pour les convaincre du danger d’appuyer une reconnaissance unilatérale. Au sein du Conseil de sécurité les Américains se démènent pour convaincre les autres membres de s’opposer ou au moins de s’abstenir. En effet, la résolution échoue s’il n’y a pas 9 voix sur 15 pour la valider. Les Américains n’auraient alors pas recours à un veto très embarrassant pour leur image dans le monde arabe

Washington veut éviter de poser son veto au Conseil de sécurité

Le président américain risque en effet de perdre le capital sympathie qu’il a acquis après le discours du Caire en 2009 et en soutenant plus récemment les « printemps arabes ». Mais lorsqu’il s’agit du partenaire stratégique israélien les Etats-Unis semblent ne rien entendre. Pas plus l’allié turc qui assure que la demande palestinienne n’est « pas un choix mais une obligation » que les Saoudiens qui préviennent : en cas de veto américain, Washington perdra le soutien de Riyad.

Depuis les accords d'Oslo, la Norvège est très impliquée dans le dossier israélo-palestinien. Le chef de la diplomatie norvégienne Jonas Stoere n'est pas étonné par la position américaine : « La déclaration de Barack Obama l’année dernière à la tribune des Nations unies n’a pas changé les choses. Quelques semaines après les négociations étaient rompues, et la colonisation continue. Il faut interpréter la démarche palestinienne comme une réaction à cet état de fait. Cela montre aussi que les Américains ne peuvent pas juste dire « c’est comme ça » ça ne marche pas. Je pense qu’il est légitime de se présenter devant tous les pays du monde pour clarifier cette question de statut ».

Des répercussions au plan intérieur

Comme tous les chefs d’Etat américains Barack Obama a tenté de relancer le processus de paix israélo-palestinien sans succès, il n’a pas réussi à se faire entendre des Israéliens lorsqu’il a demandé le gel de la colonisation. Il n’entretient pas de relations particulières avec Benyamin Netanyahu et les deux hommes ne sont pas très proches.

Mais le président américain doit composer avec les Israéliens, partenaires stratégiques au Proche-Orient. Ce dossier est très sensible aux Etats-Unis et peut avoir des répercussions au plan de la politique intérieure. Ainsi le Congrès américain menace de couper les aides qui sont actuellement versées à l’Autorité palestinienne, une somme non négligeable : 500 millions de dollars par an. L’élection présidentielle américaine aura lieu l’année prochaine et le président Obama a bien entendu l’avertissement envoyé récemment par les électeurs de la communauté juive. Dans la neuvième circonscription de New York, fief démocrate, c’est un républicain qui a été élu. Une partie de l’électorat juif new-yorkais estime que la politique d’Obama est anti-israélienne. En mai dernier, selon un sondage Gallup, Barack Obama avait le soutien de 68% des juifs américains, ils sont aujourd’hui 55% à soutenir sa politique.

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