Les Palestiniens veulent changer le rapport de force, au risque de s’aliéner les Etats-Unis

Les Palestiniens comptent un grand nombre de soutiens dans leur volonté d’entrer aux Nations unies en tant qu’Etat. Mais en dehors du veto américain, le rapport de force au sein du Conseil de sécurité ne leur est, de toute façon, pas favorable.

De notre correspondant à New York

Les Palestiniens savent que leur demande d’adhésion à l’ONU n’a aucune chance d’aboutir en raison du veto américain, mais leur objectif est de rallier le plus de pays possible derrière leur cause, tout en isolant Israël et les Etats-Unis, farouchement opposés à cette démarche. « Il s’agit d’arracher la question palestinienne à la domination américaine et de briser le mythe selon lequel les Etats-Unis sont un médiateur juste et honnête », note Rashid Khalidi, professeur à l’université de Columbia.
 

Depuis un an, l’Autorité palestinienne mène une campagne diplomatique pour faire reconnaître l’Etat palestinien par le plus grand nombre de pays possible. A ce jour, plus de 125 pays ont reconnu l’Etat palestinien, en mentionnant le plus souvent les frontières de 1967. Cela donne un avantage certain à la demande d’adhésion palestinienne dans une enceinte comme l’Assemblée générale de l’ONU où toutes les voix ont le même poids. 

Au Conseil de sécurité, la situation est très différente. S’ils provoquent un veto américain, les Palestiniens s’exposent à des mesures de rétorsion. Des élus du Congrès américain ont déjà préparé un projet de loi pour couper l’aide financière à l’Autorité palestinienne (environ 500 millions de dollars par an). Plusieurs dirigeants israéliens ont prévenu que l’Etat hébreu prendra, lui aussi, des sanctions contre l’Autorité palestinienne.

Des risques de rétorsion

Surtout, en coulisses, les diplomates font observer que le rapport de force au Conseil de sécurité n’est pas favorable aux Palestiniens. Le 18 février dernier, les Palestiniens avaient soumis au vote (par l’intermédiaire du Liban) une résolution condamnant les colonies israéliennes. Quatorze des quinze membres avaient voté « oui ». L’image de la représentante américaine, Susan Rice, levant, seule, la main pour poser son veto avait été interprété comme un signe de l’isolement des Etats-Unis sur la question du Proche-Orient.

Cette fois, les Palestiniens ne sont pas du tout assurés d’obtenir la majorité des quinze membres pour soutenir leur adhésion à l’ONU. La Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud les soutiendront, mais les quatre pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Portugal) pourraient tout simplement s’abstenir. « Il est difficile de voter pour l’admission d’un Etat à l’ONU, alors que nous n’avons pas reconnu cet Etat de manière bilatérale », souligne un diplomate européen. La Colombie (traditionnellement proche des Etats-Unis) et la Bosnie, également membres du Conseil, penchent eux aussi pour une abstention. Dans ces conditions, un vote aurait pour effet de souligner les divisions de la communauté internationale sur le dossier palestinien. Ce serait très exactement l’inverse de ce que l’Autorité palestinienne entend démontrer. 

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