Avec notre correspondante à Bagdad, Fatma Kizilboga
« Le 11-Septembre ne date pas d’aujourd’hui ou d’hier, ses origines sont beaucoup plus anciennes. Le problème des Américains, c’est qu’à l’époque ils auraient soupçonné l’Irak d’être derrière la moindre des choses qui leur serait arrivée. Il n’y a aucun lien entre le 11/09 et l’Irak ». Chaque vendredi depuis le début de l’année, Sihem, se rend sur la place Tahrir de Bagdad afin de protester contre le manque de services publics.
Comme tous les foyers de la capitale irakienne, la maison de cette enseignante irakienne n’est alimentée en courant électrique que quatre heures par jour, et l’accès à l’eau courante reste un défi quotidien. Une dégradation des infrastructures apparue après l’invasion américaine en 2003 que le gouvernement actuel peine toujours à remettre en place, comme l’admet Safia Souhil, députée indépendante :
« Si nous voulons adresser des reproches, nous devons commencer par faire notre auto-critique, en tant qu’Irakiens, mais également critiquer les Américains pour ne pas avoir eu de plan d’après-guerre. Et je pense que cette mauvaise gestion de la situation a ouvert les frontières du pays à de nombreuses organisations terroristes comme al-Qaïda, qui ont été capable de s’installer dans le pays et de terroriser notre population ».
Une vie quotidienne toujours rythmée par la violence
Même si le niveau des violences est en nette baisse, les attentats sont toujours quotidiens à travers tout le pays. Une situation qui inquiète, à quelques semaines de la fin du retrait des troupes américaines. Plus de huit ans après la chute du régime de Saddam Hussein, la lutte contre le terrorisme fait partie des principaux obstacles à la reconstruction du pays.
« Tout le monde est conscient des progrès faits, mais nous ne pouvons pas dire que la menace est devenue inexistante, nous sommes toujours menacés, explique Ali Dabbagh, porte-parole du gouvernement irakien. Al-Qaïda et le parti Baasiste représentent toujours les principaux ennemis du processus politique en Irak, et le peuple irakien continue de payer cela au prix fort ».
Au total la guerre en Irak aura coûté la vie à plus de 100 000 Irakiens. Près de trois millions de personnes ont fuit le pays en raison des violences. Le monde entier se souvient de Mountazer el-Zaidi, autrement connu comme le lanceur de chaussures. De retour au pays, l’homme, qui se dit assagit, fait le bilan des conséquences du 11-Septembre sur l’Irak : « Cet événement a changé notre vie, pas seulement celles des Américains. Le peuple américain vit aujourd’hui en paix mais nos familles et notre peuple, lui, a besoin de tout ».
Selon un rapport de l’Inspection pour la reconstruction en Irak présenté fin juillet au Sénat américain, l’Irak demeure l’un des pays les plus dangereux au monde. Le document accuse notamment les militaires américains d’embellir la situation.