Feu d’artifice, coup de feu, à chaque déflagration c’est la confusion… Depuis la fin de la fête religieuse du ramadan, la tension est palpable à Sanaa. L’appel à manifester lancé par l’opposition en fin de semaine dernière a relancé les craintes des habitants.
Dimanche, jour prévu de la mobilisation des antirégimes, les grandes artères de la ville sont restées désertes. Tous les accès avaient été fermés au trafic routier par les forces de sécurité depuis samedi après-midi.
Le rendez-vous avait été donné par l'opposition sur la place du Changement, près de l'Université de Sanaa. Une dizaine de milliers de manifestants s'y sont retrouvés, sous la protection de la 1ère division blindée qui a fait défection en mars dernier. Ils ont marché dans les rues adjacentes pour éviter les affrontements avec les militaires loyalistes. Des incidents ont cependant éclaté, faisant, selon l'agence américaine Associated Press, 5 morts.
C’est la première fois depuis deux mois qu’un appel à manifester était lancé dans la capitale. Chaque semaine, les protestataires se réunissent à l’occasion de la grande prière du Vendredi, le rassemblement est devenu une habitude plus qu’une démonstration de leur mécontentement.
Hier, des manifestations ont eu lieu également à Taëz, la deuxième ville du pays.
Depuis le départ du président yéménite le 4 juin dernier après avoir été grièvement blessé dans un attentat, le Yémen a à faire face à une crise économique et sociale : les prix des denrées de base ont augmenté; les pénuries d'eau, d'électricité et d'essence sont récurrentes. Des zones entières du pays échappent désormais au contrôle de l'État. Certains sont aux mains des combattants d'al-Qaïda.
L'opposition est en proie à des dissensions internes entre radicaux et modérés sur l'avenir du mouvement de protestation.
Le 29 août 2011, le chef de l'État, Ali Abdallah Saleh, a adressé un message télévisé depuis l'Arabie Saoudite, à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, fustigeant au passage les opposants. Le général Ali Mohsen, commandant de la 1ère division blindée, est également intervenu sur les antennes, prédisant au président yéménite un sort similaire à celui du colonel Kadhafi.