L’Union européenne divisée sur la proclamation à l'ONU d’un Etat palestinien

Les ministres européens des Affaires étrangères sont réunis depuis vendredi à Sopot en Pologne. De nombreux sujets ont été débattus ce samedi 3 septembre 2011 : la Syrie, un nouveau train de sanctions contre le pays, la Libye et l'aide aux nouvelles autorités. Les ministres de l'Union Européenne sont restés divisés sur la proclamation éventuelle d'un Etat palestinien lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU.

Avec notre envoyé spécial à Sopot,

Cette question palestinienne aura effectivement dominé ces deux jours de réunion des vingt-sept ministres des Affaires étrangères. D’abord en raison de l’urgence, ensuite parce que l’Union européenne peine à s’exprimer d’une seule voix dans ce dossier.

L’urgence bien sûr, c’est l’intention des Palestiniens de réclamer le statut de membre de l’Assemblée générale des Nations unies à l’occasion de la plénière annuelle qui s’ouvre dans vingt jours seulement, à New York.

Les Européens comprennent bien l’exaspération des Palestiniens, dont ils sont d’ailleurs les principaux bailleurs de fonds, confrontés qu’ils sont aux multiples atermoiements et tracasseries en tout genre de la part des Israéliens qui sapent la confiance et bloquent toute idée de négociations bilatérales.

D’ores et déjà, les Palestiniens peuvent compter sur une confortable majorité en faveur de leur cause –sans doute entre 120 et 150 Etats- sur les 193 que comptent les Nations unies. Mais ce vote doit ensuite être entériné en Conseil de sécurité, ce qui n’a aucune chance d’aboutir, les Etats-Unis ayant déjà annoncés qu’ils y mettraient leur veto.

C’est donc un jeu dangereux où en toute hypothèse il ne peut y avoir que des perdants. Israël et Washington isolés, l’Europe et les Nations unies décrédibilisées et les Palestiniens toujours privés d’un Etat indépendant et souverain.

Quelle solution alors ?   

L’idée d’un petit nombre d’Etats européens, emmenés par la France d’ailleurs, ce serait de mettre au point un texte de compromis qui, à la fois constituerait la position commune de l’Union européenne, et recueillerait au moins l’assentiment de tous les protagonistes d’un conflit qui depuis plus d’un demi-siècle empoisonne l’ensemble des relations internationales.

L’on pourrait en particulier concéder à la Palestine le statut d’Etat observateur aux Nations unies –statut jadis octroyé pendant des décennies à la Suisse avant que celle-ci demande à passer membre de plein exercice.

On ne parlerait plus des Palestiniens ni de l’Autorité palestinienne mais bien de la Palestine tout court, ce qui ne serait pas qu’un symbole car cela permettrait à cet Etat aux frontières encore floues, de participer à toutes les instances de l’ONU y compris probablement de pouvoir se pourvoir devant la Cour pénale internationale (CPI).

Reste à convaincre Washington de convaincre les Israéliens que ce n’est pas trop et aux Européens de convaincre les Palestiniens que c’est déjà beaucoup. C’est un espoir ténu, mais un espoir tout de même.

 

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