Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Il fut un temps pas si lointain où le moindre bombardement turc en Irak du nord, sans parler des incursions terrestres, faisait immédiatement l’objet d’une réaction offusquée voire vengeresse de la part des factions kurdes locales. On constate désormais que ce semblant de solidarité inter-kurde a fait long feu, et que l’administration régionale kurde nord-irakienne est beaucoup plus mesurée – voire complice - avec Ankara.
D’abord parce que la présence du PKK dans une zone, certes montagneuse, de ce territoire désormais autonome, où il fait la loi, n’a jamais plu aux responsables de cette région, bien qu’ils n’aient jamais pu, malgré les promesses faites aux Turcs, les en éradiquer eux-mêmes. Des Turcs dont dépend leur richesse puisque la Turquie est le seul débouché à l’import et à l’export depuis la quasi-partition de l’Irak. Des Turcs, également, qui leur ont depuis longtemps fait savoir que s’ils ne s’en occupaient pas tout seuls, ils viendraient eux-mêmes faire le ménage.
De quoi comprendre la très timide réaction des deux factions kurdes locales qui, pour l’une, évoque les dommages occasionnés par ces frappes à des parcelles agricoles et, pour l’autre, regrette les attaques du PKK en Turquie et appelle à une solution par le dialogue. Autrement dit : tout sauf une condamnation de l’opération turque anti-PKK en Irak du nord.