Hama, théâtre de grandes manifestations contre le pouvoir du président Bachar al-Assad depuis la mi-mars, pose un défi à l'armée. Celle-ci n'a pas encore repris le contrôle de la ville, après la manifestation monstre du 1er juillet qui a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes.
Les chars sont postés en périphérie de la ville, ne laissant libre que l'entrée nord. Les opérations de ratissage se poursuivent. Les associations de défense des droits de l'homme dénoncent des assassinats et des arrestations. Les militaires auraient, selon l'Organisation nationale des droits de l'homme, pénétré dans l'un des hôpitaux de Hama à l'intérieur duquel des blessés avaient été hospitalisés.
23 civils ont été tués au cours de ces opérations, entamées ce 4 juillet.
Des habitants de Hama ont fui les opérations militaires en direction de al-Salamya, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est, et d'autres se sont rendus plus au sud, à Damas.
L'agence officielle de presse Sana affirme que « les forces de l'ordre qui sont intervenues pour rétablir la sécurité à Hama, où des actes de sabotage ont lieu (...) ont été attaquées à coups de coktails Molotov par des groupes armés ».
Par ailleurs, l'armée a continué à progresser dans la région de Jabal al-Zaouia, dans la province d'Idleb.
De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé qu'il était présent, en association avec le Croissant-Rouge, à Deraa et Idleb, et qu'il avait désormais accès à Jisr el-Choughour, près de la frontière turque.
Ces trois villes ont été les principales victimes de la répression des dernières semaines.
Hama, ville symbole
Hama, la quatrième ville du pays, a une longue tradition de révolte. La dernière remonte au début des années 80.
Le 26 juin 1980, le président Hafez al-Assad échappe à une tentative d'assassinat de l'un des membres de sa sécurité. Dès le lendemain, le chef de l'État réagit en massacrant plusieurs centaines de prisonniers de la prison Tadmor de Palmyre. Des personnes arrêtées pour leurs liens plus ou moins avérés avec l'organisation des Frères musulmans syriens qui possèdent une bonne base à Hama.
Deux ans plus tard, en février, une opération commando menée par la branche armée des Frères musulmans est déclenchée à Hama contre les représentants du parti Ba'th. Les unités des Forces spéciales et des unités régulières de l'armée interviennent. Pendant 20 jours, des combats opposent les troupes aux « Frères » et à la population. La ville est bombardée et devient le théâtre de nombreuses exactions, au point de devenir un cas d'école pour les organisations de défense des droits de l'homme. La répression fera entre 10 000 et 15 000 morts.
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À consulter :
Le massacre de Hama - février 1982 (article Encyclopédie en ligne des violences de masse. 22/12/2009)
The Tadmur (Palmyra) Prison Massacre on its 27th Anniversary... still awaiting for justice (article The Syrian Human Rights Committee 26/6/2007).