Yémen : cinq mois de révolte

La révolte yéménite bat des records de longévité puisqu’elle entre désormais dans son sixième mois. Pendant cette période, la mobilisation du peuple yéménite a évolué. Fin janvier, dans le sillon de la révolution tunisienne, des rassemblements de défenseurs des droits de l’homme et d’étudiants opposés au régime d’Ali Abdallah Saleh organisent des marches dans la capitale, Sanaa. En quelques semaines, les foules grossissent et le « jeudi de la colère », le 3 février dernier, marque le début d’un véritable soulèvement populaire.

Avec notre correspondante à Sanaa, Charlotte Velut

La chute d’Hosni Moubarak en Egypte achève la transition vers une révolution. Débutée à Taez, troisième ville du pays, elle atteint rapidement les deux autres cités principales du Yémen : la capitale Sanaa, puis le port d’Aden. Ces trois pôles de contestation deviennent le théâtre d’affrontements entre les anti-régime et les forces de sécurité yéménites. Deux journées sanglantes marquent les esprits. La première à Sanaa, le 18 mars, l’autre à Taez, fin mai. Dans les deux cas, l’armée a lancé un assaut sur le campement des opposants au régime, faisant au moins cent morts en quelques heures.

Afin de résoudre la crise politique, le Conseil de coopération du Golfe a proposé un plan de sortie de crise qui, après une série d’accords et de désaccords de chacun des partis, semble désormais consommé. Le 4 juin dernier, ce flou politique a été accentué par le départ d'Ali Abdallah Saleh pour l’Arabie Saoudite afin de recevoir un traitement médical suite à l’attentat contre la mosquée de son palais. Parallèlement à cette absence de compromis, une inflation massive et des pénuries de pétrole, gaz et eau touchent le pays, si bien que la révolution d’hier reprend aujourd’hui davantage les traits d’une simple mobilisation populaire.

Partager :