Avec notre envoyée spéciale à Taëz, Charlotte Velut
« Avant les tentes des protestataires partaient d’ici jusqu’à tout en haut ». Ahmad, chauffeur de taxi de la ville de Taëz, n’avait pas empruntée cette rue qu'il montre depuis trois mois. Elle était réquisitionnée, comme des dizaines d’autres, par les manifestants opposants au régime.
Des 5 000 tentes, il n’en reste aujourd’hui qu’une vingtaine, posées au milieu de bâtiments et de carcasses de voitures calcinés. Depuis la descente de l’armée fin mai, le campement antigouvernement a tout d’un champ après la bataille. Une bataille fructueuse puisqu’aujourd’hui une large partie de Taëz n’est plus contrôlée par le gouvernement.
« Il n y a plus de soldats dans ce quartier, explique Mohamed Ali, un partisan de la révolte. Tout le monde peut faire ce qu’il veut ! Plus personne ne travaille au poste de police ici à Taëz et la moitié de la population supporte les jeunes ».
Une bataille que les habitants paient encore aujourd’hui. En guise de punition pour leur agitation, un responsable de la région a décrété l’arrêt du ramassage des ordures. Cela dure depuis dix jours, à chaque coin de rue, les poubelles s’amoncèlent. Les habitants commencent à brûlent eux-mêmes les déchets. Un désagrément qui s’ajoute à ceux que connaissent l’ensemble des Yéménites : pénurie de pétrole, inflation et coupure d’électricité de plus de 20h par jour.