Gilad Shalit, cinq ans de solitude

Ce 25 juin 2011, Israël marque le cinquième anniversaire de la capture du soldat Gilad Shalit, détenu par le Hamas dans la bande de Gaza. Le jeune soldat franco-israélien avait été enlevé lors d’une attaque d’un commando palestinien alors qu’il effectuait son service militaire. Depuis, l’image de Gilad Shalit est omniprésente en Israël.

Avec notre correspondant à Jérusalem

Gilad Shalit en quatre questions :

Qui est Gilad Shalit ?

Gilad Shalit est né le 28 août 1986 à Nahariya, dans le nord d’Israël. Il possède la double nationalité israélienne et française. Le 25 juin 2006, alors qu’il effectue son service militaire dans une unité de blindés, le char à bord duquel il se trouve est attaqué par un commando palestinien.

L’attaque a lieu à la lisière de la bande de Gaza, près du point de passage de Kerem Shalom, entre le territoire israélien et l’enclave palestinienne. Deux soldats israéliens sont tués par les assaillants, qui ont creusé un tunnel pour mener leur opération.

L’attaque a été préparée et revendiquée conjointement par plusieurs groupes armés palestiniens : les Brigades Ezzedine al-Qassam (la branche armée du Hamas), les Comités de résistance populaire et l'Armée de l'islam. Depuis, c’est le Hamas qui détient Gilad Shalit et négocie indirectement avec les autorités israéliennes sur le sort du prisonnier.

Que sait-on de sa détention ?

Le général Gaby Ashkenazi, qui a occupé le poste de chef d’état-major de l’armée israélienne jusqu’à cette année, a récemment admis que le lieu de détention de Gilad Shalit n’avait pas été identifié. Ce qui rend impossible toute opération armée visant à le libérer.

A ce jour, plusieurs preuves de vie du soldat israélien ont été fournies par ses ravisseurs. Dans un enregistrement audio de juin 2007, Gilad Shalit affirme que son état de santé «ne cesse de se dégrader». L’année suivante, une lettre du captif est parvenue à ses parents (via le Centre Jimmy Carter) qui ont pu lui répondre quelques mois plus tard (la France ayant transmis leur missive à la Syrie).

En octobre 2009, Israël libère 19 prisonnières palestiniennes en échange d’une vidéo de Gilad Shalit enregistrée le 14 septembre de la même année. On y découvre le jeune homme amaigri, lisant un texte adressé à sa famille. La Croix-Rouge internationale n’a jamais pu avoir accès à lui.

Quelles sont les revendications du Hamas ?

Un sondage récent montre que 63% des Israéliens acceptent la demande formulée par le mouvement islamiste qui exige la libération d’un millier de détenus palestiniens, dont la moitié environ sont considérés par Israël comme des terroristes «ayant du sang sur les mains».

Ce prix à payer pour la libération de Gilad Shalit a peu varié au cours des dernières années. Fin 2009, l’échange de prisonniers semblait même imminent. Israël et le Hamas ne négocient pas directement. L’Egypte et l’Allemagne ont fourni la plupart des efforts de médiation ces dernières années.

Quelle est la position d’Israël ?

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu se dit favorable à un échange, mais «pas à n'importe quel prix !». Selon le chef du gouvernement, «l'expérience du passé nous enseigne que des dizaines d'Israéliens ont été tués dans des attentats commis par des terroristes qui avaient été relâchés dans le cadre d'échanges de prisonniers antérieurs».

Outre les efforts affichés par les dirigeants israéliens, la famille de Gilad Shalit mène une campagne quotidienne pour demander sa libération. Depuis l’été 2010, ils ont dressé une tente devant la résidence officielle du Premier ministre, à Jérusalem. Le lieu affiche des portraits de Gilad Shalit, un compteur marquant le nombre de jours écoulés depuis sa capture. Et les volontaires se relaient pour accueillir les visiteurs et leur proposer des rubans jaunes, que les Israéliens accrochent à leurs voitures ou à leurs fenêtres pour exprimer leur solidarité avec le soldat et sa famille.

En fin de semaine, les parents du soldat, Noam et Aviva rencontrent eux-mêmes les visiteurs sous cette tente, devenue un véritable lieu de pèlerinage national. L’image de Gilad Shalit est omniprésente en Israël, déclinée en affiches, autocollants, peintures murales. L’un de ces portraits le montre au côté de Ron Arad, aviateur israélien porté disparu en mission au Liban en 1986, avant d’être capturé par un groupe chiite local. Un quart de siècle plus tard, Ron Arad est présumé mort, probablement exécuté par ses geôliers ou décédé durant sa détention.

**Noam Shalit : « Ce n’est pas encore la percée que nous attendons » (RFI, 08/10/09)
 

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