Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
D’après les témoignages recueillis dans le camp des déplacés côté syrien, c’est vers 7 heures du matin que les forces de sécurité syriennes sont entrées dans le village frontalier de Khibet al-Joz, à moins d’un kilomètre de la frontière avec la Turquie, d’où on distingue nettement les mouvements des blindés.
Elles ont notamment pris le contrôle d’une espèce de tour de surveillance à incendie, sur laquelle flottait depuis une semaine le drapeau turc qui a été descendu, au petit matin, et remplacé par les couleurs syriennes.
Côté turc, les militaires ont immédiatement hissé un immense drapeau rouge frappé du croissant et de l’étoile pour signifier de ne pas aller plus loin. Dans le camp des déplacés syriens, d’où on a entendu des coups de feu et des détonations, « c’est la panique ! », explique au téléphone un leader de la contestation. Ceux qui campaient là depuis une quinzaine de jours se sont précipités vers la Turquie pour s’y réfugier. Quelque 700 personnes sont ainsi passées dans la seule matinée, selon le Croissant- Rouge.
Ces réfugiés sont recueillis et transportés dans le premier camp militaire qui surplombe la frontière par les soldats d’Ankara. L’armée turque semble particulièrement nerveuse, puisque toutes les tours d’observation jusque là désertes sont maintenant occupées par des militaires turcs. Et sur les routes environnantes, on croise de nombreux convois de transport de troupes dans la direction de cette frontière et des barrages de gendarmerie.