Liban : réactions mitigées après la formation du nouveau gouvernement

Après cinq mois de tractations, le Liban a donc un nouveau gouvernement. Un gouvernement d’union nationale, mais largement dominé par le Hezbollah chiite. Avec ses alliés dont le chrétien Michel Aoun, le Hezbollah dispose désormais de 18 des 30 portefeuilles. Ce nouveau cabinet est boycotté par le mouvement de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, mais accueilli avec espoir par la population. Quant au département d'Etat américain, il opte pour la  prudence.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

La population Libanaise a accueilli avec soulagement et espoir ce gouvernement. La classe politique, elle, est divisée sur la question. Il y a eu d’abord la démission presque immédiate de Talal Arslan, dont les partisans ont coupé des routes, à l’aide de pneus enflammés dans plusieurs régions. Ce proche allié de la Syrie et du Hezbollah, entendait protester contre le fait d’avoir été nommé ministre d’Etat sans portefeuille. Mais ce nouveau départ ne menace pas le nouveau Conseil des ministres.

La coalition du 14-Mars pro-occidentale, elle aussi ne veut pas laisser une chance au

nouveau cabinet. « C’est une équipe dominée par le Hezbollah, c’est un projet de confrontation, un gouvernement déséquilibré ». Les députés du bloc du Premier ministre sortant Saad Hariri n’ont pas mâché leurs mots. Ils ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’accorderaient pas la confiance au Parlement, quel que soit son programme.

Des chantiers et défis en nombre

Sur le plan international, la réaction des Etats-Unis est prudente. Un porte-parole du département d’Etat a annoncé que le nouveau gouvernement sera jugé sur ses actes. Il a aussi fixé une sorte de feuille de route, pour aider ce nouveau gouvernement à savoir ce qu’il doit et ne doit pas faire. Il ne doit pas se livrer à une chasse aux sorcières contre les anciens responsables et doit respecter ses engagements internationaux, notamment envers le Tribunal spécial pour le Liban et, aussi, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Des dossiers délicats attendent sur la table du Conseil des ministres. Le plus problématique est sans doute la relation avec le Tribunal spécial pour le Liban. Cette cour s’apprêterait à accuser des membres du Hezbollah, de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Un Hezbollah qui est très puissant au sein de ce gouvernement. Cette équipe devra aussi réorganiser les services de sécurité contrôlés depuis près de six ans par la coalition du 14-Mars.

Enfin, elle devra procéder à la nomination de dizaines de directeurs généraux et de centaines de hauts fonctionnaires aux postes vacants. Tout cela, sous l’œil vigilant de la communauté internationale qui attend le Hezbollah et ses alliés au tournant. Une tâche immense et difficile, mais qui n’est tout de même pas impossible.

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