La terrible crise économique du début des années 2000 n’est plus qu’un mauvais souvenir. Dix ans plus tard, la Turquie s’est hissée au rang de 17ème économie mondiale. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) a atteint 8,9% en 2010, et elle devrait poursuivre en 2011 avec un taux de 6,5% selon l’OCDE. La Turquie devient donc, après la Chine et l’Inde, le troisième des pays riches et émergents du G20 à afficher une telle santé économique.
Les performances de la Turquie sur ces dix dernières années sont largement positives : le revenu par habitant a triplé, le chômage est orienté à la baisse à 11,5% et l’inflation est à environ 6%. Surtout, l’Etat s’est fortement désendetté au prix de mesures d’austérité. La dette est ainsi passée de 75% à 41% du PIB aujourd’hui en 2011.
Inversement du flux migratoire
Avec 22 milliards de dollars de rentrées en 2009, le tourisme est l’une des principales sources de devises du pays. L’industrie n’est pas en reste. Après un passage à vide avec la récession, la production industrielle a repris de plus de 10% par rapport à 2010. Le secteur de la construction a enregistré une hausse de 18% en 2010 suivie par l’automobile ou les biens d’équipement. Principal atout de la Turquie : une main d’œuvre jeune, 44% de la population a moins de 25 ans. Selon l’OCDE, en dix ans, la productivité du travail est passée de 35% de la moyenne de l’Union européenne en 1995 à 62% en 2010.
Pour la première fois en 2009, le solde migratoire s’est inversé entre la Turquie et l’Allemagne, le principal pays d’accueil où vivent plusieurs millions d’immigrés trucs. En 2009, près de 30 000 personnes ont émigré outre-Rhin. Mais dans le même temps, 40 000 sont parties -ou reparties, vers la Turquie. Dans ce flux migratoire, des retraités mais aussi de nombreux jeunes Turco-Allemands, issus de la seconde génération attirés par le dynamisme économique du pays de leurs parents.
Commerce en pleine expansion
La Turquie est membre de l’Union douanière depuis 1996 mais les débouchés en Europe, environ 50% des échanges, ne suffisent plus. Depuis 2008, les industriels turcs délaissent l’Europe pour se tourner vers les anciennes républiques d’Asie centrale (Azerbaïdjan, Kirghizistan), le Moyen-Orient, le Maghreb mais aussi l’Afrique. Le rapprochement diplomatique opéré par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan avec ces pays de la région a également favorisé les échanges économiques.
Ankara a ainsi conclu des accords de libre échange avec le Maroc, la Tunisie, puis fin 2010, avec la Syrie, la Jordanie, le Liban et l’Irak. Au Moyen-Orient, les entreprises turques ont réalisé des aéroports, elles exportent du textile, des meubles et des produits agroalimentaires. En Afrique, les échanges commerciaux avec le continent sont passés de 1,5 milliards de dollars en 2001 à 20 milliards de dollars dix ans plus tard. Ce rapprochement concerne essentiellement des pays riches en ressources énergétiques, comme le Nigeria, le Soudan, le Cameroun, le Congo et le Gabon.
L’économie turque est en plein développement, il reste toutefois des réformes structurelles à mener, notamment pour réduire la part de l'économie informelle, autrement dit du travail non déclaré. Si les grandes entreprises déclarent leurs salariés, les PME familiales, en revanche, sont moins regardantes sur le travail au noir. En cause, le coût du travail assez élevé comme l’explique Ahmet Aykac, professeur d'économie et spécialiste de la Turquie : « Les licenciements sont quasi impossibles et les charges sur les entreprises, cotisations sociales et impôts sur les sociétés, sont assez lourdes, environ 45% du salaire brut. Résultat, l’Etat n’arrive pas à collecter les taxes et impôts, ce qui pose problème pour les finances publiques ».