Yémen : blessé, Saleh toujours pas prêt à quitter le pouvoir

Des tirs intermittents résonnent toujours ce samedi 4 juin 2011 dans la capitale yéménite, à Sanaa, où s'affrontent les forces gouvernementales et les partisans d'un puissant chef tribal accusé d'avoir bombardé la veille le palais présidentiel. L'attaque a touché directement le président Saleh et des hauts responsables du régime.

Benjamin Wiacek est le rédacteur en chef de « La voix du Yémen » et il se trouve actuellement à Sanaa. Il a répondu aux questions de RFI.

RFI : La situation est calme aujourd’hui, presque trop calme ?

Benjamin Wiacek : Effectivement, après les violents bombardements qui ont lieu hier dans différents quartiers de la ville suite à l’attaque contre le palais présidentiel, la nuit et toute la matinée ont été beaucoup plus calmes à Sanaa. Peu d’explosions, peu de fusillades, mais pas d'arrêt complet toutefois. Les bombardements continuent, notamment dans le quartier de Hasaba où habite le cheikh Sadek al-Ahmar. La violence a vraiment diminué fortement. La population est inquiète de ce calme.

RFI : Qu'est-ce que ce calme apparent peut cacher ?

Beaucoup redoutent le calme avant la tempête, surtout après l’attaque d’hier. Beaucoup redoutent les représailles que le gouvernement pourrait organiser. Certains redoutent même d’éventuels bombardements aériens sur la capitale. Donc, la situation reste tendue, même si la situation d’un point de vue sécuritaire semble beaucoup plus calme ce matin.

RFI : Des doutes subsistent également sur l’origine de l’attaque qui a visé hier le palais présidentiel d’Ali Abdallah Saleh...

Benjamin Wiacek : Oui, le gouvernement accuse directement la famille al-Ahmar avec laquelle les forces de sécurité ont été confrontées dans des affrontements violents depuis bientôt une dizaine de jours.

Toutefois, de nombreux analystes mettent en doute cette version des faits. Ils précisent que cette attaque nécessitait une certaine logistique, un certain matériel, et des informations précises sur la localisation exacte du président dans l’enceinte du palais présidentiel et que cette attaque n’aurait pu avoir lieu ni être réussie sans l’aide d’au moins certaines personnes de l’entourage du président au sein même du palais.

Il semblerait donc qu’il y ait au moins une complicité parmi quelqu’un dans l’enceinte du palais, voire que certains membres de l’entourage du président aient pu organiser directement cette attaque.

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