Ce n’est peut-être pas la conséquence la plus médiatisée du « printemps arabe » mais la vague de changements en cours dans la région a incité les rivaux palestiniens à se lancer dans un processus de réconciliation auquel plus personne ne croyait. Ce processus de rapprochement est en cours, les deux factions négocient la composition du gouvernement d’unité qui devra organiser des élections présidentielle et législatives d’ici un an. Mais ce changement de décor politique oblige d’ores et déjà la communauté internationale à se repositionner.
Pour le Premier ministre israélien, la chose est entendue : « un gouvernement palestinien dont la moitié des membres veut la destruction d’Israël n’est pas un partenaire pour la paix », a lancé Benyamin Netanyahu lundi 16 mai à la tribune de la Knesset. Pour les Américains comme pour les Européens, c’est plutôt une phase d’observation, avec ses nombreux points d’interrogations : le Hamas est-il en train d’évoluer ? Peut-il accepter un compromis, par exemple en reconnaissant Israël ?
Le ni oui ni non du Hamas sur la reconnaissance d'Israël
Lorsqu’on pose la question aux principaux intéressés, la réponse ne se résume ni par « oui » ni par « non » : « Quand nous avons dit que nous acceptions un Etat dans les frontières de 1967, cela signifie que sur le reste de la Palestine historique il y aura un autre Etat appelé ‘Israël’, explique Ayman Daraghmeh, député du Hamas en Cisjordanie, libéré fin 2010 après avoir passé 20 mois dans une prison israélienne. Mais le député islamiste nuance aussitôt : Ce n’est pas moi qui décide de l’avenir. Il y a des règles dans les relations internationales : les Etats se reconnaissent entre eux. Alors si nous devenons un Etat, c’est notre Parlement qui décidera ».
La reconnaissance d’Israël, c’est l’une des conditions posées au Hamas par le Quartet pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) pour qu’un dialogue soit envisageable avec l’organisation, qui figure sur les listes américaine et européenne des organisations terroristes. Le Quartet demande également au Hamas de reconnaitre les accords signés entre Israël et les Palestiniens.
Enfin, il est demandé au Hamas de renoncer à la violence. Sur ce point, le parti islamiste affirme toujours que la lutte armée est son droit mais il fait remarquer qu’il observe une trêve de fait et que celle-ci peut durer. « Notre attitude dépendra de celle d’Israël, explique ainsi le député Ayman Daraghmeh, quand ils attaquent Gaza avec des avions, nous ne pouvons pas réagir en leur jetant des roses. Donc c’est eux qui décideront de la façon dont nous nous agissons ».
La Palestine à l’ONU en septembre ?
Les Palestiniens sont réconciliés et c’est ensemble qu’ils veulent demander la reconnaissance de leur Etat à l’ONU en septembre. Là encore, c’est un défi pour la communauté internationale qui doit se positionner face à cette nouvelle stratégie des Palestiniens. « Nous allons revenir au droit international, assure Mustapha Barghouti, député palestinien indépendant et ancien ministre : une reconnaissance à l’ONU affirmera que la terre d’un Etat est occupée par un autre Etat qui s’appelle Israël. Et cela aura des conséquences. Nous savons que cela ne va pas pousser l’armée israélienne dehors mais cela apportera un soutien immense à notre résistance non-violente, qui va se poursuivre et s’accompagner d’une plus grande pression internationale ».
Israël dénonce vivement ce projet onusien des Palestinien, pour l’Etat hébreu seule la négociation permettra de sortir du conflit. A l’inverse, les Européens (et notamment la France) disent de plus en plus ouvertement qu’ils envisagent de soutenir la reconnaissance de l’Etat palestinien, faute de progrès dans les négociations. Les Etats-Unis restent hostiles à cette démarche des Palestiniens.
Ce que regrette le député palestinien indépendant Mustapha Barghouti, selon lequel Barack Obama devrait avoir « le courage de ressusciter les espoirs déçus après son discours du Caire, lorsqu’il a promis la fin de la colonisation et n’a pas pu l’obtenir. Je pense que pour le président Obama il y a une nouvelle opportunité en or pour faire la paix avec tout le monde arabe, avec les musulmans, explique Mustapha Barghouti qui conclut : Les Etats-Unis doivent avoir une politique indépendante, accepter la réconciliation, discuter avec les Palestiniens et soutenir la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien en septembre ».