Comment des Palestiniens ont perdu le droit d’habiter en Cisjordanie

L’Etat hébreu a mené pendant 27 ans une politique empêchant les Palestiniens de Cisjordanie d’y revenir s’ils séjournaient plusieurs années à l’étranger. Ces révélations du quotidien Haaretz sont basées sur des documents officiels déclassifiés. De 1967 à 1994, 140 000 Palestiniens de Cisjordanie auraient ainsi perdu leur droit de résidence. Une procédure restée secrète jusqu’à aujourd’hui.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Nicolas Falez  

La procédure était confidentielle mais ses effets, eux, étaient bien connus. Ainsi, l’un des principaux négociateurs palestiniens, Saeb Erakat, en témoigne : son frère a quitté la Cisjordanie pour étudier aux Etats-Unis et il n’a jamais pu retourner sur sa terre d’origine. Saeb Erakat raconte que l’expérience de son frère lui a servi de leçon et qu’il prenait soin de revenir régulièrement en Cisjordanie lorsque lui-même s’est expatrié pour étudier à l’étranger.

Concrètement, ce système a été mis en place lorsqu’Israël a occupé la Cisjordanie en 1967. Les Palestiniens pouvaient quitter le territoire et passer en Jordanie mais au poste-frontière contrôlé par Israël, ils devaient laisser leur carte d’identité. En échange ils recevaient un document les autorisant à faire le voyage en sens inverse. Mais ce document n’était valable que trois ans et renouvelable seulement trois fois.

Au total, 140 000 Palestiniens se seraient ainsi fait piéger dont 130 000 toujours inscrits sur une liste de personnes interdites de séjour.

Cette procédure a cessé de fonctionner après les accords d’Oslo, dans les années 1990. Mais il faut savoir qu’un système équivalent est toujours en vigueur à Jérusalem-Est. Le secteur oriental de la ville est occupé et annexé par Israël. Les Palestiniens de la ville n’ont pas la nationalité israélienne mais un permis de résidence. Et ils le perdent s’ils séjournent plus de sept années à l’étranger.

Partager :