Même si le président Bachar el-Assad n’est pas sanctionné directement, le fait que son frère cadet, Maher, figure en tête de la liste vaut plus qu’un avertissement. En effet les deux hommes sont comme les « deux doigts d’une même main ». Agé de 43 ans, le colonel Maher el-Assad commande la très redoutée garde républicaine et il est considéré comme le « principal maître d’œuvre de la répression contre les manifestants ». C’est lui en effet qui est à la tête de la quatrième division mécanisée chargée de mater la ville de Deraa, berceau de la révolte syrienne.
Un sens affirmé de la famille
Bruxelles frappe aussi un autre membre de la famille el-Assad, un cousin, Rami Makhlouf, qui possède la très lucrative compagnie de téléphone mobile Syriatel. Le cousin Rami, âgé de 41 ans, est aussi un heureux investisseur dans le secteur du pétrole et du BTP. Le Syriens ne se font aucune illusion sur sa puissance ; quand ils parlent de lui, ils l’appellent le « roi de Syrie », Bachar n’étant que président. Fils de l’ancien chef de la garde républicaine, il est à la tête d’un véritable empire financer qui engloberait 60% de l’économie syrienne. Reconnu comme un homme d’affaires hors pair, il a d’ailleurs été distingué comme tel pas plus tard qu’en début d’année par le magazine britannique World Finance qui voyait en lui l’incarnation des changements positifs survenus dans son pays…
Toujours dans le cercle familial des el-Assad, le colonel Hafez Makhlouf, le frère du « roi », est le chef des forces de sécurité de la capitale et de l’antiterrorisme. C’est à ce titre d’homme fort des renseignements généraux syriens qu’il est lui aussi dans le collimateur de Bruxelles tout comme Ali Mamlouk qui dirige la Sécurité générale et Abdelfattah Qodssiya en charge du renseignement militaire.
D’autres responsables sont aussi visés : Atef Najib, un « ancien responsable de la sécurité politique à Deraa », Amjad al-Abbas, « chef de la sécurité politique à Banias, impliqué dans la répression des manifestants à Baida » (centre), Rustum Ghazali, chef du service de renseignement militaire pour le gouvernorat de Damas (ex-homme fort au Liban du temps de la présence militaire syrienne dans ce pays, NDLR), et enfin, deux membres de la milice Shabiha, et du clan du président, Fawwaz al-Assad et Mundir al-Assad.
Cette fois encore, les Européens, comme les Américains avant eux, n’ont pas inclus le président syrien dans leur liste. Selon des sources diplomatiques, Bachar el-Assad devrait cette clémence à des divergences entre les membres de l’Union européenne sur l’opportunité de le viser directement. Mais Bachar el-Assad aurait tort de se sentir hors d’atteinte. En effet, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, n'a pas exclu ce mardi un renforcement des sanctions de l'Union européenne contre la Syrie. Les sanctions décidées (par l'UE) sont un premier pas. Si Damas continue la répression, nous augmenterons la pression et renforcerons les sanctions », a déclaré le chef de la diplomatie allemande, cité dans un communiqué. Depuis deux mois, entre 600 et 700 personnes ont été tuées et au moins 8 000 ont été interpellées, selon des organisations de défense des droits de l’homme.